Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bravo ! s’écria sir Gervais, se frottant les mains de joie ; bravo, Dick ! Si nous étions à bord du Plantagenet, de par le ciel, j’appellerais tout le monde en haut, et nous aurions trois hourah ! Ainsi donc, mon brave jeune marin, vous voilà sir Wycherly Wychecombe, après tout !

— Oui, c’est toujours ainsi que nous nous y prenons à bord d’un bâtiment, dit Galleygo au groupe de domestiques, quand il arrive quelque chose qui vaut la peine qu’on fasse du bruit. Quelquefois nous faisons un signal à l’amiral Bleu et à tous les capitaines de tout préparer pour trois hourah ! et alors nous nous mettons tous à crier comme si nous avions la poitrine pleine de hourah ! et que nous voulussions nous en débarrasser. Si le vice-amiral voulait en passer l’ordre en ce moment, vous vous feriez une idée de cette coutume, et vous entendriez un bruit qui retentirait encore à vos oreilles dans un an. Il n’arrive pas tous les jours qu’un homme du métier hérite d’un domaine.

— Serait-ce là un mode convenable de décider une question de droit, sir Gervais ? demanda Tom avec plus de justice et de raison qu’il n’en mettait ordinairement de son côté ; et cela, tandis que le corps de mon pauvre oncle est encore dans cette maison ?

— Je reconnais la justice de ce reproche, Monsieur, et je ne dirai plus rien dans cette affaire ; — du moins rien d’aussi indiscret que ce que je disais tout à l’heure. — Sir Reginald, vous avez maintenant cette affaire en main, et je la recommande à votre attention très-sérieuse.

— Ne craignez rien, sir Gervais ; justice sera rendue en cette occasion, s’il y de la justice en Angleterre. — Votre histoire a un air de vraisemblance, jeune homme vous la racontez naturellement, et je vois entre vous et notre famille quelques traits de ressemblance qu’on n’aperçoit certainement pas dans la physionomie de M. Thomas Wychecombe. Si l’affaire ne dépendait que de la légitimité de votre partie adverse, elle serait bientôt décidée, car j’ai une déclaration de sa propre mère qui le reconnaît illégitime, et j’ai aussi des preuves de certaines circonstances qui pourraient même faire annuler le testament du baron Wychecombe. Mais quant à celui de sir Wycherly, il me paraît inattaquable, et il ne faut rien de moins que la preuve légale de l’existence d’un appelé à recueillir la substitution pour le faire déclarer nul. Vous dites que vous avez des preuves. Où sont-elles ? Il est très-important de savoir qui a droit à la possession de cette maison.

— Les voici, Monsieur, répondit Wycherly, ôtant une ceinture