Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/219

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gent la querelle comme ils le pourront ; nous, notre besogne est de battre le Français. Combien de bâtiments supposez-vous que le comte ait sous ses ordres ?

— Douze à deux ponts, un à trois, et plus de frégates que nous. Mais deux ou trois vaisseaux sont plus petits que les nôtres, et par conséquent ne peuvent porter une artillerie aussi forte. Je ne vois aucune raison qui doive nous empêcher de l’attaquer.

— Je suis charmé de vous entendre parler ainsi. Combien il est plus honorable de chercher l’ennemi, que d’intriguer à la cour ! — J’espère, Dick, que vous me permettrez d’annoncer votre ruban rouge dans l’ordre du jour général demain matin ?

— Jamais de mon consentement, tant que ce sera la maison de Hanovre qui me l’aura conféré. — Mais quelle scène extraordinaire nous avons eue là-bas ! Ce jeune marin nous fait honneur. J’espère qu’il sera en état de fournir des preuves suffisantes pour faire admettre ses prétentions.

— Sir Reginald m’assure qu’il ne peut exister le moindre doute. Ses papiers sont dans le meilleur ordre, et son histoire est simple et probable. Ne vous rappelez-vous pas que, lorsque nous n’étions que midshipmen, et que nous servions dans les Indes occidentales, nous entendîmes parler d’un lieutenant de la Sapho qui avait frappé son officier supérieur, et qui n’avait probablement évité une condamnation à mort que parce que son bâtiment avait péri corps et biens ?

— Je m’en souviens comme si c’était hier, à présent que vous m’en parlez. Et vous croyez que ce lieutenant était le frère de feu sir Wycherly ? Servait-il à bord de la Sapho ?

— On me l’a dit ainsi ; et cela ne laisse aucun doute de la vérité de toute l’histoire.

— Cela prouve aussi, Gervais, combien il est aisé de revenir en Angleterre et d’y faire reconnaître ses droits, après une absence de plus d’un demi-siècle. Celui qui vient de débarquer en Écosse a des droits tout aussi justes que ceux de ce jeune homme.

— Dick Bluewater, vous semblez déterminé à faire tomber la maison sur vos oreilles. Qu’avons-nous de commun, vous et moi, avec cet aventurier écossais, quand l’ennemi nous invite bravement à le suivre et à le combattre ? Mais chut ! voici Bunting.

En ce moment, le lieutenant chargé des signaux à bord du Plantagenet fut introduit dans la chambre par Galleygo lui-même.

— Eh bien ! Bunting, quelles nouvelles de l’escadre ? demanda sir Gervais. Les bâtiments sont-ils encore évités de flot ?

— La mer est étale, sir Gervais, et les bâtiments sont tournés de