Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/351

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— Rien qui vaille la peine d’en parler, sir Gervais : quelques bouts de corde, un bâton çà et là.

— Combien d’hommes avez-vous perdus, Milord ? Je désire particulièrement connaître la situation exacte de chaque vaisseau.

— Huit ou dix pauvres diables, je crois ; mais nous sommes en état d’attaquer à l’instant même.

— Fort bien, Milord. Faites embraquer vos boulines, et faites place au Foudroyant.

Morganic en donna ordre ; mais à l’instant où son vaisseau filait en tête de l’amiral, il s’écria : — J’espère, sir Gervais, que vous n’avez pas dessein d’abandonner cet autre canard blessé ? J’ai déjà envoyé mon premier lieutenant à bord d’une prise, et j’avoue que je voudrais mettre le second à bord d’une autre.

— Oui, oui, Morganic, nous abattons les oiseaux, et vous les mettez en gibecière. Je vous donnerai encore quelque amusement du même genre avant que cette affaire se termine.

Sir Gervais Oakes, quoique peu habitué à plaisanter quand il s’agissait du service, jugea à propos de faire cette petite concession au rang du capitaine de l’Achille, qui s’éloigna alors du vaisseau amiral comme on tire le rideau pour laisser voir la scène.

— Je crois, Greenleaf, dit Morganic à son chirurgien-major, qui était un de ses favoris, que sir Jarry est un peu jaloux de nous, parce que Daly est arrivé à bord de la prise avant qu’il eût eu le temps d’y envoyer un de ses canots pour en prendre possession. Je crois que cela figurera bien dans la gazette — L’Achille, capitaine le comte de Morganic, a pris possession du vaisseau français et l’a emmené. — J’espère que le vieil amiral aura la décence de nous rendre la justice qui nous est due, car je crois que c’est notre dernière bordée qui a fait amener pavillon.

Le chirurgien fit une réponse telle que son capitaine l’attendait ; mais comme l’Achille s’éloigna, nous ne pouvons le suivre pour la rapporter.

Le troisième vaisseau qui s’approcha était le Foudroyant, capitaine Foley. C’était un des bâtiments qui avaient reçu le feu des trois premiers vaisseaux de la ligne française, après qu’ils furent arrivés pour recevoir le vent du travers, et comme c’était le premier vaisseau de l’arrière-garde anglaise, c’était celui de toute l’escadre qui avait le plus souffert. Ce fait devint visible quand il s’approcha, par l’état de son gréement, qui était noué, épissé et bossé de tous côtés, et par les précautions qui avaient été prises pour empêcher la chute d’une partie