qu’il lui permettait. Mais en ce moment, sir Gervais se tourna vers le capitaine, et lui dit qu’il allait monter sur le pont pour examiner de ses propres yeux la situation des choses.
CHAPITRE XXII.
ette journée fertile en événements commença avec toute la
gloire d’une matinée d’été. Le vent seul empêcha le lever du soleil
d’être un des plus beaux de juillet, car il venait du nord-ouest ; il
était encore vif ; et par conséquent froid pour la saison. Les lames
amenées par le vent du sud-ouest avaient déjà fait place aux vagues
régulières et peu inquiétantes de la nouvelle brise. Pour de grands
bâtiments l’eau pouvait s’appeler une belle mer, quoique le Driver
et l’Actif par leur roulis et leur tangage, et même les deux-ponts par
le balancement de leurs mâts, montrassent que l’Océan était encore
agité. Le vent paraissait devoir durer, et était ce que les marins
appellent une brise à six nœuds.
Sous le vent, à la distance d’environ une lieue, les vaisseaux français étaient parfaitement rangés, en ordre si serré et en ligne si régulière, que les Anglais crurent généralement que M. de Vervillin avait fait ses dispositions pour recevoir, dans sa position présente, l’attaque à laquelle il s’attendait. Tous ses bâtiments avaient leurs grands huniers sur le mât, les perroquets étaient cargués, les écoutes de foc filées, et les basses voiles sur leurs cargues ; c’était là une belle voilure de combat, et les ennemis mêmes ne purent s’empêcher de l’admirer. Pour y ajouter encore, à l’instant où sir Gervais mettait le pied sur la dunette, tous les vaisseaux français déployèrent leurs pavillons, et l’Éclair tira un coup de canon au vent.
— C’est un noble défi, eh, Greenly ? s’écria le vice-amiral ; et venant de M. de Vervillin, il signifie quelque chose. Il désire prendre toute la journée ; mais, comme la moitié de ce temps nous suffira, nous laisserons laver les tasses auparavant. Bunting, faites les signaux pour que tous les vaisseaux mettent en panne, et que tous les équipages