Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/48

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souvent sans résultats, surtout quand deux escadres étaient opposées l’une à l’autre. Les combats d’un bâtiment contre un autre étaient ordinairement plus décisifs ; mais le pavillon anglais était loin d’obtenir des succès aussi constants qu’il en remporta par la suite. En un mot, la science de la guerre navale n’avait pas encore fait ces grands progrès qui finirent par distinguer la carrière de l’Angleterre, mais elle n’avait pas rétrogradé chez ses ennemis au point qui paraît avoir rendu leur défaite presque certaine. Cependant sir Gervais était un officier que la fortune avait favorisé. Il avait capturé plusieurs bâtiments après des rencontres sanglantes, et il avait commandé des escadres avec honneur dans quatre ou cinq des plus grands combats sur mer de ce temps, indépendamment de ce qu’il avait été commandant en second ou en troisième, en plusieurs occasions semblables. Son bâtiment ne manquait jamais de prendre part à une action, quoi que pussent faire les autres. Les noms d’Oakes et de Bluewater, tant comme capitaines que comme amiraux, étaient devenus familiers à la nation, comme étant portés par des hommes qu’on voyait toujours se soutenir l’un l’autre dans le plus fort du combat. On peut ajouter ici que ces deux marins étaient de bonnes familles, ou du moins considérées comme telles parmi la noblesse du second ordre d’Angleterre. Sir Gervais était baronnet par droit héréditaire, et son ami Richard Bluewater descendait d’une de ces nobles familles de marins qui fournissent des amiraux à l’Angleterre de génération en génération. Son père avait porté le pavillon carré, blanc d’amiral à son grand mât ; et son aïeul, après avoir obtenu par ses services les honneurs de la noblesse, était mort vice-amiral d’Angleterre. Ces circonstances fortuites avaient peut-être contribué à procurer aux deux amis la faveur de la cour.



CHAPITRE IV.


Qu’ils vous suivent tous, excepté trois hommes en faction, et notre chef Israël, qui est attendu à chaque instant.
Marino Faliero.



L’escadre étant à l’ancre en sûreté et en bon ordre, en dépit du brouillard, sir Gervais Oakes se montra disposé à accomplir ses vues ultérieures.

— Nous avons vu un beau spectacle, dit-il très-beau certaine-