Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/51

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— Oui, Dutton a raison en tant qu’il s’agit d’un master d’un vaisseau du roi mais, quant au capitaine d’un bâtiment marchand, il n’y a guère de différence entre cette situation et la sienne. Au surplus, mon cher Wycherly, un amiral n’est pas déshonoré pour admettre dans sa compagnie même un maître d’équipage, si cet homme est honnête. Il est vrai que nous avons nos coutumes, et que nous avons nos officiers du gaillard d’avant et ceux du gaillard d’arrière, ce qui est, à bord d’un bâtiment, comme le quartier de la cour et celui de la Cité à Londres. Mais un master appartient à la première classe de ces officiers, et le master du Plantagenet, Sandy Mac Yarn, dîne avec moi une fois par mois aussi régulièrement qu’il commence chaque jour une nouvelle page de sa table de loch. Je vous prie donc d’accorder votre hospitalité à qui bon vous semblera, ou… — L’amiral s’arrêta, et jeta un coup d’œil sur Dutton, qui était à quelques pas, tête nue, attendant que son officier supérieur se mît en marche. — Ou peut-être me permettrez-vous, continua-t-il, d’inviter moi-même un ami à être de notre partie.

— C’est précisément cela, sir Gervais, s’écria le bon baronnet, et Dutton sera l’homme le plus heureux du Devonshire. Je voudrais que nous pussions avoir mistress Dutton et sa fille, et alors la table serait ce que mon pauvre frère Jacques, — Saint-Jacques, comme je l’appelais, — avait coutume d’appeler mathématique. Il disait qu’une table devait avoir tous ses côtés et ses angles dûment remplis. Jacques était un très-agréable convive, sir Gervais, et en fait de théologie je crois vraiment qu’il n’aurait pas montré le dos à un apôtre.

L’amiral le salua, s’avança vers le master, et l’invita à faire partie de la compagnie à Wychecombe-Hall, du ton que sait toujours prendre un homme habitué à rendre ses civilités agréables par une sorte d’aisance officielle.

— Sir Wycherly, dit-il, veut que je regarde sa table comme si elle se trouvait dans ma propre chambre à bord de mon vaisseau. Je ne connais pas de meilleure manière de lui prouver ma gratitude qu’en le prenant au mot et en la remplissant de convives qui nous soient agréables à tous deux. Je crois qu’il y a une mistress Dutton, et une miss…

— Milly, ajouta le baronnet, qui s’était approché ; miss Mildred Dutton, fille de notre ami, jeune personne qui ferait honneur au salon le plus élégant de Londres.

— Vous voyez, Monsieur, que notre hôte prévient, comme par instinct, les désirs d’un vieux garçon, et qu’il désire aussi que ces dames vous accompagnent. Miss Mildred aura du moins deux jeunes