Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/7

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tons pas plus que les louanges banales dont nous venons de parler ; mais nous pouvons alléguer de bonne foi nos propres sentiments comme un motif pour faire ce qui, après tout, doit plus ou moins dépendre des inclinations personnelles d’un écrivain. Nous avons le désir d’essayer de tracer le tableau dont il s’agit, et cette disposition est un assez bon guide dans les ouvrages d’imagination.

Cependant l’Américain qui veut peindre des flottes doit se résoudre à déserter son pavillon : jamais l’Amérique n’a armé une flotte. La république possède les matériaux nécessaires pour produire ce phénomène, mais la volonté a toujours paru lui manquer. Il a toujours existé dans les conseils de l’état une étrange et dangereuse répugnance à créer même le rang militaire qui est indispensable pour exercer une autorité convenable sur une telle force et si le titre de cet ouvrage eût été le Seul Amiral, au lieu des Deux Amiraux, nous aurions encore été obligé de chercher en pays étranger un héros pour notre histoire. Les législateurs de notre pays s’imaginent apparemment que les hommes feront des miracles sans avoir les motifs qui ordinairement exercent sur eux de l’influence pour les porter à faire quelque chose. Combien de temps peut-on sans danger persister dans un tel système politique, c’est ce qui reste à être démontré.

Néanmoins, tout en faisant valoir notre indépendance, en réclamant le droit de choisir pour nos histoires les scènes qui conviennent le mieux à l’impulsion qui nous fait agir, nous sommes assez disposé à admettre que, dans le cas dont il s’agit, nous aurions été charmé de faire voile sous le pavillon national si cela eût été dans les limites de la probabilité, qui doit toujours se trouver même dans un ouvrage de fiction. Si nous ne sommes pas précisément né dans la marine américaine, nous y avons certainement été élevé ; et quoique ces emblèmes puissent paraître dénués de goût aux yeux des gens instruits, nous avouons que nous accordons une préférence décidée aux étoiles et aux bandes, sur le large champ blanc et la croix de Saint-George du noble pavillon anglais, sur la bannière sans tache de la France, telle qu’elle existait à l’époque de notre histoire, et sur la plus belle de toutes les enseignes qui aient jamais été déployées au haut d’un mât de pavillon, l’enseigne tricolore de notre temps. Quand les conseils de notre nation nous donneront des amiraux et des flottes que nous puissions prendre pour sujets de nos ouvrages, nous nous ferons un plaisir d’essayer humblement de rapporter leurs exploits.

Les colons américains ont pourtant le droit de réclamer leur part de la renommée maritime que l’Angleterre a obtenue antérieurement à 1775, et nous laissons à leurs descendants le soin de discuter avec