CHAPITRE XIII.
l faut maintenant que le temps avance, et que nous transportions
le lecteur dans une autre partie de la même mer, mais non à une
grande distance. Qu’il s’imagine donc se trouver à l’entrée d’une
grande baie, ayant seize à dix-huit milles de diamètre presque dans
tous les sens, quoique les rives en soient dentelées par des promontoires
et des criques, et dont la profondeur excède peut-être un peu
sa plus grande largeur. Il occupera alors précisément l’endroit où
nous désirons offrir à ses yeux un des plus beaux panoramas de
l’univers. À sa droite est une île rocailleuse et élevée, couverte d’un
tuf noir dont la formation magnifique est égayée par des vignobles
souriants, et qui rendent intéressantes des ruines qui rappellent des
événements remontant aux temps des Césars. Un petit détroit de la
Méditerranée sépare cette île d’un promontoire escarpé qui s’élève
sur le continent voisin. Vient alors une suite de hauteurs et de vallées
pittoresques, parsemées de villages et ornées de paysages, tantôt
agréables, tantôt imposants, et d’habitations monacales appelées
dans la langue du pays camaldoli, jusqu’à ce que la vue atteigne une
petite ville située dans une plaine qui s’élève de cent ou deux cents
pieds au-dessus du niveau de la mer sur une base de tuf, et dont les
maisons s’étendent jusqu’aux pieds des monts sourcilleux qui en
bornent l’étendue du côté de la mer. Cette plaine, avec les habitations
et les scènes d’une vie animée qu’elle présente, ressemble à une
ruche, et les coteaux qui la terminent sont couverts de chaumières
et de tous les signes des travaux champêtres. Quittant cette agréable
partie de la côte, et suivant toujours les contours de la baie, nous
arrivons à une pointe sur laquelle les montagnes deviennent colossales
et élèvent leurs sommets en pic à six ou sept mille pieds vers
les nuages ; tandis que leurs flancs tantôt sont hérissés de ravins et
de précipices, tantôt prennent un air pittoresque, grâce aux tours,
aux hameaux et aux monastères qui les couvrent, et que des villes et
des villages sont épars sur leurs bases ou plutôt les entourent. Ici, la