Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/400

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vingt-quatre heures. Mais ce n’était pas le moment de commencer de nouveaux arguments, et les deux Italiens descendirent sur l’îlot. C’était environ une demi-heure après la fin du combat, et nous avons dessein de nous transporter au moment indiqué au commencement de ce chapitre.

Il faut pourtant que nous tracions une esquisse rapide de ce qui s’était passé depuis la victoire remportée par les Anglais jusqu’à l’instant où nous devons rapporter les faits avec plus de détail. Dès qu’il en eut le loisir, Winschester fit une inspection du champ de bataille, et il y trouva plusieurs Anglais de tués et un plus grand nombre de blessés. Au moins la moitié des Français qui se trouvaient sur l’îlot étaient blessés ; mais la blessure mortelle reçue par leur chef était le coup que tous déploraient ; car le chirurgien du Feu-Follet avait déjà déclaré qu’elle ne laissait aucun espoir, et cette déclaration avait été entendue avec regret par des ennemis généreux. La défense avait été déterminée, et elle aurait réussi, s’il avait été dans les choses possibles qu’une poignée d’hommes intrépides repoussassent un nombre double d’ennemis non moins braves. Des deux côtés on avait combattu pour l’honneur, et en pareil cas la victoire reste ordinairement au parti le plus nombreux.

Dès qu’on s’aperçut qu’il était probable que les trois bâtiments se mettraient en chasse sous le vent, les officiers anglais avaient senti la nécessité de prendre un parti. Chaque bâtiment ayant envoyé un chirurgien par le même canot qui y avait conduit les premiers blessés, les officiers de santé s’étaient mis en besogne sur-le-champ. Ils avaient fait quelques amputations qui étaient indispensables, avaient pansé les autres-blessures, aussi bien que les circonstances le permettaient, et en deux bonnes heures tout était terminé. Le jour tirait à sa fin, et l’escadre était assez éloignée pour qu’il fût nécessaire de se hâter.

Aussitôt qu’on eut donné tous les soins nécessaires aux blessés, et que les autres eurent eu le temps de se reposer de leurs fatigues, on plaça les premiers le plus commodément possible sur chacune des chaloupes qu’on fit conduire à la remorque par un cutter. Dès que la première eut reçu sa triste cargaison, elle partit pour se rendre au bâtiment qui servait d’hôpital à l’escadre, et il en fut de même ensuite des deux autres, les Français qui n’étaient pas blessés ayant offert leur aide pour cette œuvre de charité. Enfin il ne resta plus que le gig de sir Frédéric, que Winchester avait gardé pour son usage personnel, le bateau qu’avait loué Andréa Barrofaldi, et celui sur lequel Carlo Giuntotardi était venu avec sa nièce. Les seuls Français qui restassent encore, étaient le chirurgien du lougre, le maître--