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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/255

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gents cherchaient des noix de coco ou s’amusaient à ramasser des coquillages, qui étaient en grand nombre et d’une beauté remarquable. Je chargeai quelques matelots de m’en faire une collection pour Clawbonny en les indemnisant de leurs peines, et je conserve encore ces souvenirs de mes premières aventures.

Émilie et sa femme de chambre prirent possession de leur ancienne tente, où je fis porter tout ce qui pouvait leur être nécessaire. Comme nous avions l’intention de rester huit ou dix jours, chacun chercha à s’arranger le moins mal possible, et il fut permis d’apporter à terre ce qu’on voulait. Depuis notre départ de Londres, nous avions été prisonniers, sauf le court intervalle de notre première visite à cette même île, et on jugea convenable de laisser un peu à nos matelots leurs coudées franches. Marbre fut le premier à me le conseiller. Cet homme, si sévère et si dur en apparence, était aussi porté à la tolérance, en temps opportun, qu’aucun commandant sous lequel j’aie servi. Ce qui déconcertait l’observateur superficiel, c’était cette sorte d’ironie qu’il mettait parfois dans sa sévérité. J’ai entendu parler d’un contre-maître de la marine militaire, qui, pour menacer l’équipage d’une de ses visites officielles, avait coutume de leur crier : Attendez-moi, concitoyens, j’arrive dans la minute. — Eh bien, voilà comme était Marbre, quand il était en verve. Endurci lui-même de bonne heure à la fatigue, il était assez insensible pour lui comme pour les autres aux souffrances qui tenaient à la profession de marin, mais je l’ai toujours connu très-humain au demeurant.

J’avais chargé Neb de veiller particulièrement à ce qu’il ne manquât rien aux Mertons, et de se mettre à leur disposition. À huit heures il vint nous présenter les compliments du major, et inviter de sa part le capitaine Wallingford et le capitaine Marbre à déjeuner.

— Vous voyez, Miles, dit mon compagnon après avoir répondu qu’il allait se rendre à l’invitation, — grâce à l’arrangement que je vous ai proposé pour le schooner, nous voici tous deux capitaines pour le moment. Le capitaine Marbre et le capitaine Wallingford ! Puissent-ils faire voile longtemps de conserve ! mais, voyez-vous, l’art pas plus que la nature ne m’a jamais destiné à ce rang-là.

— Mais, quand deux capitaines sont ensemble, c’est le plus âgé qui commande. C’est le commodore Marbre que nous devons vous appeler.

— Pas de plaisanteries, Miles, répondit Marbre avec un grand sérieux. C’est grâce à vous, par suite, je l’espère, de la bonne opinion que vous avez de moi, que je commande même ce petit schooner moitié français, moitié américain. C’est mon second et, je crois, mon