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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/27

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maintenant je demande à votre amitié de veiller sur eux à cette époque la plus critique de leur vie, lorsque les impressions sont plus profondes, et que partant elles sont reçues plus facilement. Dieu vous récompensera de vos soins bienveillants pour les enfants orphelins de vos amis. — Le bon ministre, qui vivait plus pour les autres que pour lui-même, fit la promesse qu’on lui demandait, et l’âme de ma mère s’envola tranquille vers les cieux.

Ni ma sœur ni moi nous ne ressentîmes cette perte aussi vivement que la première ; ma mère était si bonne, d’une piété si douce et si fervente, que nous ne pouvions douter que sa mort ne fût autre chose qu’un passage à un état d’existence plus heureux. Elle était délivrée de vives souffrances ; et je me rappelle qu’en jetant un dernier regard sur ces traits chéris, j’éprouvai une sorte de joie en pensant que la douleur n’exerçait plus d’empire sur son corps, et que son âme jouissait d’une félicité parfaite. Les regrets vinrent ensuite, il est vrai ; ils vinrent avec toute leur amertume, et ils furent plus que partagés par Grace.

À la mort de mon père, je ne m’étais jamais inquiété de la manière dont il avait disposé de ses biens. J’avais entendu dire quelque chose de son testament, et des formalités qu’il avait fallu remplir à ce sujet ; mais peu de jours après la mort de ma mère, M. Hardinge eut une conversation sérieuse avec Grace et avec moi pour nous apprendre les dispositions qui avaient été prises. Mon père m’avait légué la ferme, le moulin, le sloop, les provisions et les ustensiles, en toute propriété, sous la réserve de l’usufruit pour ma mère jusqu’à ma majorité. Alors, je devais lui donner une aile de la maison où elle pouvait se loger convenablement, ainsi que certains privilèges sur les récoltes de tous genres, et lui payer une rente de trois cents livres sterling. Grace avait quatre mille livres sterling placées à intérêt ; et tout le reste des biens meubles, qui pouvaient monter à cinq cents dollars, étaient à moi. Comme la ferme, le sloop, le moulin, produisaient un revenu net de plus de mille dollars, déduction faite de tout ce qui était nécessaire pour le ménage, je me trouvais dans une très-belle position, au point de vue matériel, surtout élevé, comme je l’avais été, dans des habitudes aussi simples que celles qui régnaient à Clawbonny.

Mon père avait confié notre tutelle à M. Hardinge et à ma mère, en même temps qu’il les avait nommés ses exécuteurs testamentaires, et tous ces pouvoirs devaient être réunis sur la tête du dernier vivant. Ce fut ainsi que Grace et moi nous devînmes les pupilles du ministre seul. Nous en étions contents l’un et l’autre, car nous ai-