Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/13

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revenir. C’est de Chloé que moi avoir un mot à dire à jeune maître, et de Neb que voilà.

— Je vois ce que c’est, Didon. Je sais qu’ils s’aiment, et je présume qu’ils veulent se marier à leur tour. Si c’est mon consentement que vous venez demander, je le donne d’avance. Neb sera un excellent mari, je vous en réponds.

— Pas si vite, maître, reprit Didon avec un empressement qui prouvait que ce consentement si facile n’était nullement ce qu’elle voulait. Moi voir beaucoup d’objections à Neb, quand lui demander jeune fille dans la position de Chloé. Vous savoir Chloé être maintenant femme de chambre de miss Grace, dà ! personne d’autre aider à sa toilette, ou ranger dans la chambre de jeune maîtresse, que ma Chloé Clawbonny !

C’était du nouveau pour le coup ! on pouvait bien dire : tel maître, tel valet. Neb ne semblait pas devoir être plus heureux que moi dans ses amours ; et la même objection nous était faite à l’un et à l’autre : nous n’étions pas assez comme il faut ! Je résolus néanmoins de dire un mot en faveur du pauvre diable ; quoique c’eût été contrevenir aux usages de la famille que d’intervenir autrement que par des conseils, dans une affaire de cœur.

— Si Chloé est la favorite de ma sœur, savez-vous bien, Didon, que Neb est mon favori à moi ?

— Moi savoir ; Chloé le dire à moi ; mais grande différence, maître, entre Clawbonny et un navire. Neb lui-même convenir ne pas avoir là-bas chambre à lui, comme maître.

— Il est vrai, Didon ; mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’en mer, il est plus honorable d’être matelot sur le pont, que de servir dans la chambre. Je l’ai été moi-même quelque temps ; et Neb ne fait qu’occuper le poste qui a été rempli par son maître.

— Être beaucoup, assurément, beaucoup, maître, et moi bien aise Chloé ne pas savoir cela. Mais eux dire, maintenant que Neb avoir sauvé la vie de jeune maître, jeune maître donner sans doute à lui papier pour être libre ; et jamais fille à moi être femme de nègre libre ; non dà ! Un tel déshonneur être plus que vieille fidèle servante pouvoir supporter.

— Je crains, Didon, que Neb n’ait la même manière de voir. Je lui ai offert sa liberté il y a quelques jours, et il n’en a pas voulu. Mais l’opinion change sur ce point dans notre pays, et on croira bientôt