qui nous restait un peu sous le vent, tandis que le Leander était toujours hors de la portée du canon par mon travers du vent.
J’eus alors une conférence avec Marbre pour décider quelle était la meilleure manœuvre à faire. J’étais assez disposé à laisser le Leander approcher et nous envoyer une embarcation. Qu’avions-nous à craindre ? Hambourg était notre destination, et notre cargaison provenait moitié des îles anglaises, moitié des îles françaises. Mais Marbre ne voulut entendre à aucune proposition de ce genre. Il affirma qu’il saurait bien nous piloter dans toutes les passes possibles, et qu’il ne fallait permettre, à aucun prix, à ce bâtiment de s’approcher de nous.
— Laissez porter sur Montauk, capitaine, s’écria le lieutenant, et que ces Anglais nous suivent, s’ils l’osent. Il y a par là un ou deux récifs sur lesquels je me fais fort de les conduire, si ce jeu leur plaît, et cela pourra les guérir de l’envie de donner la chasse à un yankee.
— Et si je me rends à vos désirs, vous vous engagez, Marbre, à conduire le bâtiment en dedans des bancs ?
— Je le conduirai dans tel port que vous voudrez, à l’est de Block-Island, capitaine. Quoique né natif de New-York, comme cela est établi incontestablement aujourd’hui, c’est dans l’est que j’ai été éduqué, et il y a dans ma peau un pilote côtier qui en vaut bien un autre, je vous en réponds.
Je me rendis, et je gouvernai aussitôt dans la direction indiquée.
CHAPITRE XII.
ne demi-heure plus tard, un moment de crise approchait. Nous
avions été obligés de lofer un peu pour parer un récif que Marbre
savait être à la hauteur de Montauk, tandis que le Leander, laissait
porter au contraire, dans la vue de s’approcher de nous. Et il avait si
bien réussi, que son commandant, se trouvant droit par notre travers