Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/315

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— Le voici. Je vais aller trouver l’évêque, qui ferait tout pour m’obliger, et nous nous rendrons ensemble auprès du procureur pour engager notre parole que Miles comparaîtra devant le tribunal des qu’il en sera requis. J’entrerai en passant chez Richard Harrison pour le consulter.

— C’est une excellente idée, mon cher Monsieur. Richard Harrison peut nous donner un très-bon conseil ; si vous pouviez le prier de venir me voir un moment, je vous en serais reconnaissant. J’allais prendre son avis au sujet de l’assurance quand j’ai été arrêté, et je serais bien aise que ce point fût éclairci.

M. Hardinge m’écouta attentivement ; puis il sortit, après avoir répété qu’il ne tarderait pas à revenir. C’eût été une situation délicate pour beaucoup de jeunes personnes, que de rester ainsi seule avec un prisonnier ; mais Lucie avait trop de confiance en moi pour éprouver le moindre embarras. Quand son père nous quitta, elle semblait plongée dans une profonde rêverie, qui se prolongea quelque temps encore après son départ. J’avais conduit M. Hardinge jusqu’à la porte, et je me promenais lentement en long et en large pour ne point la troubler, quand la chère enfant se leva enfin, vint à moi, prit une de mes mains dans les siennes, et me regarda quelque temps avec anxiété avant de parler.

— Miles, dit-elle enfin, il ne sera plus question de perles ni de mon argent, ni de l’intervention de Rupert, si vous voulez accepter la caution que je puis vous procurer. Je connais une personne qui se contentera de ma parole pour garantie, qui est assez riche pour être acceptée, et qui vous a de grandes obligations, car je le lui ai entendu dire à lui-même ; donnez-moi votre parole que vous ne refuserez pas son appui, quand même ce serait un étranger pour vous ?

— Mais, Lucie, vous vous faites illusion sans doute ; et je suis bien sûr…

— Oh ! vous ne sauriez croire à quel point je commence à m’entendre en affaires ! Si je pouvais vous servir de caution, vous m’accepteriez, n’est-ce pas ? Eh ! bien, promettez-moi d’agréer les services de la personne que je vous enverrai ; nos cœurs se briseraient en pensant que vous restez ici en prison pendant que nous vivons dans l’abondance. Je ne quitterai point votre main que vous ne m’ayez donné votre parole.