Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/334

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— Ce n’est pas une petite fatigue de descendre une pente pareille sans s’arrêter ; mais, voyons, me voici assis auprès de vous ; à quoi rêviez-vous donc ici tout seul ?

— Ma foi, mon ami, je pensais aux fonctions d’un garçon de noce ; car le moment approche, et je veux vous faire honneur. Commençons par le costume. Voyons un peu ; d’abord le bouquet dont vous m’avez parlé dans une de vos lettres, est bien arrimé dans ma malle ; Kitty me l’a fait la semaine dernière, et vous en serez content.

— Et les culottes courtes ?

— Les culottes, je les ai aussi, et je les ai essayées, qui plus est. Diable, Miles, je n’aime guère à me montrer ainsi à sec de voiles ; il me semble que j’ai une drôle de tournure ainsi. Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de cacher un peu les œuvres vives ?

— Mais, à moins de guêtres, je ne vois guère comment ; et c’est pour le coup que ce serait un singulier accoutrement pour un garçon de noce. Vous serez obligé de vous mettre comme tout le monde.

— C’est encore moins le costume qui me tourmente que le cérémonial. Serai-je obligé d’embrasser miss Lucie ?

— Miss Lucie ? nullement ; mais madame la mariée, c’est une autre affaire. Je ne crois pas que le mariage fût valable sans cela.

— Dieu me préserve d’aller jeter des bâtons dans la roue, quand il s’agit de votre bonheur, mon cher ami ; mais je compte sur vous pour me faire signe quand ce sera le moment.

Je lui promis de ne pas le laisser dans l’embarras, et Marbre fut plus tranquille. — Si j’avais été élevé, dit-il, dans le sein d’une famille honnête, au lieu d’être abandonné sur une pierre tumulaire, le mariage ne serait pas un parage si inconnu pour moi ; mais vous savez ce que c’est, Miles, qu’un pauvre diable qui n’a pas de parents. Je ne suis pas au courant, moi, de toutes les simagrées du monde comme vous autres. Par exemple, Miles, quand vous aviez l’air le plus insouciant du monde, pendant que vous mouriez d’amour pour ce jeune tendron, simagrée ! Et bonne chère mère, quand elle dit que le Seigneur ne pouvait pas lui envoyer un meilleur fils, simagrée aussi, car je sais ce que je vaux, et ce n’est pas grand-chose ! Et la petite Kitty, quand elle prétend qu’elle aime mieux un baiser de moi que deux du jeune Bright, simagrée s’il en fut jamais ! Pour Lucie