CHAPITRE VII.
e ne saurais m’étendre minutieusement sur les événements de la
semaine qui suivit. Grace s’affaiblissait de plus en plus ; les secours
de la médecine, dont elle était entourée, plutôt par devoir que dans
l’espoir de leur efficacité, étaient impuissants. M. Hardinge visitait
souvent la malade ; et je passais avec elle des heures entières, sa
tête penchée sur mon épaule, position qu’elle affectionnait, au moment
de la grande séparation dont j’étais menacé. Comme il n’était
plus possible de songer à la transporter dans une autre pièce, la causeuse
avait été placée dans sa chambre, et c’était là que comme autrefois
nous avions nos entretiens intimes. Ce meuble vénérable
existe toujours, et j’y passe encore de longues heures dans mes vieux
jours, à me rappeler les différentes scènes et les conversations dont
il a été le discret témoin.
M. Hardinge, ainsi qu’il l’avait annoncé, officia dans son église le dimanche suivant. Lucie resta auprès de son amie, et s’unit d’intention avec nous ; pour moi, je rassemblai mes forces pour me rendre à Saint-Michel. Il était facile de lire l’expression d’une vive sympathie sur les visages de tous les membres de la petite congrégation, et des larmes coulèrent de tous les yeux, quand les prières pour les morts furent récitées. M. Hardinge resta au presbytère pour remplir les différents devoirs de son saint ministère. Quant à moi je remontai à cheval aussitôt après la cérémonie, trop inquiet pour prolonger mon absence plus qu’il n’était rigoureusement nécessaire dans un pareil moment. Je rejoignis sur la route Neb, qui retournait à Clawbonny d’un air si différent de celui qui lui était habituel, que je ne pus m’empêcher de le remarquer. Neb était un nègre vigoureux et bien découplé, qui marchait toujours d’un pas rapide, et je lui voyais traîner le pied, comme s’il avait eu de la peine à avancer. Ce changement devait provenir du mécompte qu’il avait éprouvé au sujet de Chloé ; et je voulus dire un mot d’encouragement au pauvre