Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/12

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— Pas détruit ; encore debout, toujours bon ; Nick y était à la saison dernière.

— Alors pourquoi en parier ? Les castors n’ont-ils pas plus de valeur que tout l’argent que vous pourriez recevoir pour la terre ?

— Je les ai presque tous attrapés ; il y a quatre, deux ans ; le reste a fui. Le castor ne demeure pas longtemps lorsque l’Indien l’a découvert, lorsqu’il a tendu ses trappes. Le castor plus malin que Face-Pâle, malin comme un ours.

— Je commence à comprendre, Nick. Quelle grandeur a l’étang des castors ?

— Pas si grand que le lac Ontario. Supposez-le plus petit. Qu’importe ! assez grand pour une ferme.

— Son étendue est-elle d’un ou de deux cents acres ? Est-elle aussi grande que les éclaircies autour du fort ?

— Deux, six, quatre fois aussi grande. J’ai pris là en une saison quarante peaux. Petit lac ; tous les arbres ont disparu.

— Et la terre autour, est-elle montagneuse ou plate ? est-elle bonne pour la culture du blé ?

— Tout cannes à sucre. Que voulez-vous de mieux ? Voulez-vous du blé ? vous en planterez ; voulez-vous du sucre ? vous en ferez.

Le capitaine Willoughby fut frappé de cette description, et il revint souvent sur ce sujet. Enfin, après avoir obtenu de Nick tous les renseignements désirables il fit avec lui un marché. Un inspecteur fut engagé, et il partit pour visiter les lieux, guidé par le Tuscarora. L’examen prouva que Nick n’avait pas exagéré. L’étang couvrait environ quatre cents acres de bas-fonds tandis que tout autour s’étendaient trois mille acres de plaines couvertes de hêtres et d’érables. Les montagnes adjacentes étaient labourables et promettaient de devenir, avec le temps, fertiles et profitables. L’inspecteur, calculant avec habileté ses distances, prit ses mesures de manière à comprendre dans les limites qu’il traçait l’étang, les plaines et environ trois mille acres de collines, formant ainsi un ensemble pour une patente d’environ six mille acres d’excellente terre. Puis il réunit les chefs d’une tribu voisine, leur offrit du rhum, du tabac, des couvertures, des ornements et de la poudre, obtint de douze Indiens d’apposer leur marque sur un morceau de peau de daim, et revint auprès du capitaine avec une carte, un plan et un titre au moyen duquel les droits des