Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/121

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particulière de la Hutte empêchait que des fenêtres du midi on pût voir ce qui se passait au dehors, mais il y avait au grenier une lucarne dans un petit atelier de peinture spécialement à l’usage de Maud ; c’est là qu’elle se réfugia pour soulager son pauvre cœur par d’abondantes larmes, et pour épier jusqu’aux derniers pas de Robert. Elle le vit, accompagné de son père et du chapelain, traverser la pelouse en causant avec une indifférence affectée pour cacher les pensées qui l’occupaient au moment du départ. La lucarne avait été ouverte pour donner de l’air, et Maud écouta de toutes ses oreilles, dans le désir de saisir s’il était possible, encore un son de sa voix ; mais en cela ses efforts furent inutiles, quoiqu’il se fût arrêté pour jeter un dernier regard à la Hutte : son père et M. Woods ne se retournèrent pas, et Maud agita son mouchoir. Il pensera que c’est Beulah ou moi se dit-elle et ce sera pour lui une consolation de savoir combien nous l’aimons. Le major vit le signal et y répondit. Son père se retourna tout à coup et surprit la main qui se retirait de la lucarne. — C’est notre précieuse Maud, dit-il sans penser à autre chose qu’à une affection de sœur. C’est son atelier de peinture, celui de Beulah est de l’autre côté de la porte, mais la fenêtre ne m’en paraît pas ouverte. — Le major tressaillit, envoya d’ardents baisers vers la petite lucarne, puis il continua sa route. Et pour changer de conversation il se hâta de dire, tout en faisant suite autant que possible aux dernières paroles de son père :

— Oui, Monsieur, cette porte rendra l’habitation assez sûre, faites-la placer, je, vous en supplie ; je ne serai tranquille que lorsque j’apprendrai que de ces deux portes l’une ferme les palissades, et l’autre la maison elle-même.

— J’avais l’intention de faire commencer ce travail aujourd’hui même, répondit le père, mais ton départ y a mis empêchement ; j’attendrai un jour ou deux pour laisser ta mère et tes sœurs se tranquilliser un peu, avant de les fatiguer du bruit et des clameurs des travailleurs.

— Mieux vaudrait leur causer cet ennui que de les laisser exposées aux attaques de l’Indien, ou même à une révolte.

De là le major en vint à donner quelques-unes des notions militaires les plus modernes touchant l’art de la défense. Il croyait son père un prodige d’habileté selon la vieille école ; mais quel est le jeune homme qui, après avoir joui pendant dix ou quinze ans