Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/133

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et un Bacon pour la sagesse ; le capitaine, sans aller tout à fait aussi loin, était charmé de rencontrer en lui un jugement calme et solide, souvent d’ailleurs d’accord avec ses propres opinions. Quant au chapelain, on le laissait en dehors des discussions comme incorrigible.

La moitié du mois de juin était passée quand le colonel Beekman songea à se séparer de sa femme, pour retourner au milieu des scènes actives qu’il avait abandonnées depuis peut-être trop longtemps. Habituellement, la famille se rassemblait à la fin du jour sur la pelouse ; les fenêtres de la Hutte donnant sur la cour rendaient cette sortie en plein air presque indispensable. On s’y trouvait comme de coutume dans la soirée du 25 juin ; mistress Willoughby faisait le thé ; ses filles, assises auprès d’elle, causaient ; et les hommes discutaient sur les propriétés des différentes espèces de grains.

— Voici un étranger, s’écria tout à coup le chapelain en regardant le rocher situé près du moulin, à un endroit où l’on ne pouvait passer sans être vu de la Hutte. Il arrive comme un homme pressé, que vient-il faire ici ?

— Dieu soit loué, dit le capitaine en se levant, c’est Nick, et c’est à peu près le temps où il devait être de retour pour nous apporter de bonnes nouvelles. Une semaine plus tôt eût été d’un meilleur augure ; mais n’importe, il arrive comme s’il avait quelque chose a nous communiquer.

Misstress Willoughby et ses filles suspendirent leurs occupations, et les hommes restèrent dans une attente silencieuse, pendant que le Tuscarora traversait rapidement la plaine. En quelques minutes, l’Indien fut sur la pelouse et s’avança avec gravité. Le capitaine Willoughby, qui le connaissait bien, attendit encore une minute pendant laquelle l’Homme Rouge s’appuya contre un pommier, puis il l’interrogea.

— Soyez le bienvenu, Nick ! Où avez-vous laissé mon fils ?

— Il le dit ici, répondit l’Indien en présentant une lettre que lut le capitaine.

— C’est bien, Nick, et cela montre que vous avez été fidèle. Vous serez payé ce soir. Mais cette lettre a été écrite sur la rive orientale de l’Hudson, il y a trois semaines. Pourquoi ne vous a-t-on pas vu plus tôt ?

— Pas voir quand Nick pas venir.