Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/175

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ennemis et d’hommes capables plus que beaucoup d’autres de faire de bons soldats. Leur grand tort, c’est de choisir des officiers qui n’ont pas reçu une bonne éducation militaire.

À tout ceci le major n’avait rien à objecter, et se souvenant que la silencieuse mais pensive Beulah avait un mari dans ce qu’il appelait les rangs des rebelles, il changea de conversation. Des arrangements furent pris pour loger secrètement l’hôte inattendu. Près de la bibliothèque était une chambre qui ne communiquait avec la cour par aucune porte, ni par aucune fenêtre, c’était une petite pièce contenant un lit de camp : c’est là que le major dut se retirer ; il pouvait manger dans la bibliothèque s’il était nécessaire, quoique toutes les fenêtres s’ouvrissent sur la cour, car il ne pouvait être vu que par les domestiques de la maison, qui tous étaient dans le secret de sa présence et tous dignes de la confiance qu’on leur témoignait.

Comme la soirée promettait d’être sombre, on décida que le major pouvait se déguiser mieux encore qu’il ne l’avait fait déjà, et s’aventurer sur la fortification en compagnie de son père et du chapelain aussitôt que les gens qui se pressaient dans les chambres vacantes de la maison auraient pris possession de leurs quartiers respectifs pour ta nuit. Un souper fut préparé pour le voyageur du côté de la fortification ; tous les volets furent fermés afin qu’on pût se servir de lumière sans attirer vers cette direction un coup de feu de la forêt voisine.

— Nous sommes tout à fait en sûreté ici, fit observer le capitaine à son fils, tandis que celui-ci apaisait sa faim avec l’appétit d’un voyageur ; Woods lui-même pourrait soutenir un siège dans une maison bâtie et fortifiée comme celle-ci. Chaque fenêtre a de solides volets à l’épreuve des balles et les poutres des bâtiments peuvent aussi défier la mousqueterie ; les portes sont suspendues, excepté un battant, et ce battant a été bien soutenu à sa place : dans la matinée il sera placé comme les autres. Ainsi la fortification est complète. Nous organiserons une garde de douze hommes pour toute la nuit, avec trois sentinelles en dehors de nos constructions et chacun de nous dormira tout habillé avec ses armes à portée. Mon plan, en cas d’assaut, serait de rappeler les sentinelles aussitôt qu’elles auraient déchargé leurs pièces, et de fermer les portes ; les lucarnes sont ouvertes et des armes de réserve ont été distribuées près de chacune d’elles. Je me suis