Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/234

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propre langage, le préférant à celui de l’inspecteur, qui n’était dicté que par son esprit bas et perfide.

D’après ce rapport, les messagers avaient été amicalement reçus par les Indiens. Les deux chefs étaient venus à leur rencontre et leur avaient fait bon accueil. Quant au mouvement subit qu’on avait remarqué parmi eux, il se rapportait à l’instant où ils s’étaient disposés à prendre leur repas ; et pendant ce temps les chefs, accompagnés du major et de Strides, s’étaient dirigés vers la maison du meunier. Là, par le moyen d’un blanc qui leur servait d’interprète, le major avait demandé pour quel motif les étrangers étaient venus dans l’établissement. On lui répondit franchement que c’était pour obliger la Hutte à se rendre comme l’ordonnait le congrès continental. Le major avait tâché de persuader au blanc qui semblait revêtu de l’autorité, que les dispositions de son père étaient tout à fait neutres dans la querelle, mais selon ce récit, au grand étonnement de Joël, le chef répondit qu’il connaissait le vrai caractère de Robert Willoughby, et qu’un homme qui avait un fils dans l’armée du roi, et qui le tenait caché dans sa propre maison, ne pouvait pas être tout à fait indifférent au succès de la cause royale.

— Comment ce chef a-t-il su que le major était à la Hutte ? ajouta Joël ; voilà qui est un peu étrange, puisque tout le monde l’ignorait ; mais ces gens-là emploient des moyens si extraordinaires dans ces jours-ci.

— Et le major convint-il de son vrai caractère, quand on l’accusa d’être au service du roi ?

— Il en convint franchement ; il leur assura seulement qu’il était venu ici pour voir sa famille, et qu’il avait l’intention de s’en retourner ensuite à New-York.

— Comment reçut-on ces explications ?

— Pour avouer la vérité, cela les fit rire. Ils ne m’ont pas paru ajouter foi à une seule parole du major. Je n’ai jamais vu de créatures avec des figures aussi incrédules ! Après avoir longtemps conféré entre eux, ils ordonnèrent d’enfermer le major dans l’office, et mirent une sentinelle à la porte ; après quoi ce fut à mon tour d’être examiné.

Joël fit ensuite, à sa manière, le récit de ce qui s’était passé entre lui et les étrangers. On l’avait questionné sur la nature des défenses de la Hutte, la force de la garnison, sa disposition, le