Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/299

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traces que possible. Les détours du ruisseau empêchaient la vue de s’étendre, et les épaisses broussailles qui étaient sur les bords protégeaient les hommes.

Le capitaine Willoughby avait d’abord appréhendé un assaut de ce côté. Cependant l’élévation de la maison lui donnait un avantage que ne pouvait pas posséder un ennemi placé plus bas, et d’ailleurs le Rocher offrait de ce côté de sérieux obstacles à une surprise. Il emmena ses hommes en tenant son regard attaché sur l’étroit chemin qui se déroulait devant eux, comme pour s’assurer que chaque détour n’allait pas le mettre en face d’un parti ennemi. Heureusement qu’ils ne firent pas une telle rencontre, et ils gagnèrent la lisière de la forêt sans voir apparaître personne et sans avoir été découverts. Derrière les bâtiments, dans le bois, se trouvait un petit bras du ruisseau. Il y avait là une vue admirable que Maud avait souvent fait admirer à la famille et qu’elle avait esquissée. Le capitaine fit halte et donna au vieux Pline un signal dont il attendit la réponse. Elle fut encore favorable ; le nègre lui fit signe que tout allait bien ; puis le fidèle serviteur se hâta d’aller trouver sa maîtresse pour lui dire que la petite troupe était arrivée en sûreté dans la forêt. Pendant ce temps, nos aventuriers montaient le long du ruisseau et poursuivaient leur route par un chemin plus solide.

Le capitaine Willoughby et ses hommes se trouvaient maintenant tout à fait engagés, et chacun sentait l’importance et la gravité du devoir qu’il avait à remplir. Mike se trouva obligé d’obéir à l’ordre de rester silencieux, car le son de la voix pouvait faire connaître leur passage à quelques-unes des sentinelles de l’ennemi. Ils usèrent aussi de précautions en marchant sur le bois mort dont le craquement pouvait les trahir.

On entendait le bruit de la hache des bûcherons derrière les cabanes, où ils éclaircissaient une partie boisée, selon l’ordre du capitaine, qui avait le double but de se procurer du bois de chauffage et d’agrandir son verger. Cette petite clairière était à un quart de mille de la plaine. Passer entre cette clairière et les cabanes eût été trop hasardeux, et il fallut diriger là marche de manière à éviter les habitations.

Les sentiers des bestiaux furent suivis, Mike connaissant parfaitement toutes leurs sinuosités. Le capitaine et le sergent portaient chacun une boussole de poche, sans laquelle on n’eût pu s’a-