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son œil rencontra l’Habitation, et il resta où il était comme par le charme d’une fascination. La férocité s’effaça graduellement de sa physionomie, qui devint humaine et douce.

— Squaws dans le wigwam, dit le Tuscarora en montrant la maison avec sa main. Vieille squaw et jeune squaw être bonnes. Wyandotté malade, elles ont soigné lui. Sang est dans le corps de l’Indien. Jamais oublier bien, jamais oublier mal.


CHAPITRE XXV.


Chaque pas est lourd, chaque empreinte se voit ; c’est un squelette qui marche, il a un suaire sur les épaules ; il agite sa tête, ses os sont couverts de terre, il retourne chez les morts.
Coxe


La physionomie de Nick reflétait les pensées de son esprit, et ses paroles n’étaient pas trompeuses. Jamais Wyandotté n’oubliait le bien ni le mal qu’on lui avait fait. Après avoir regardé la Hutte avec attention pendant quelque temps, il se retourna et demanda brusquement à ses compagnons

— Pourquoi venir ici ? Pour voir l’ennemi entre vous et le wigwam.

Nick prononça ces paroles à demi-voix, comme s’il croyait nécessaire de se cacher de ceux qui se trouvaient à une si dangereuse proximité. Cette discrétion inspira de la confiance aux deux militaires, qui le crurent disposé à les servir.

— Puis-je me fier à vous comme à un ami ? demanda le capitaine en regardant l’Indien avec fermeté.

— Pourquoi pas vous fier ? Nick pas héros, lui parti. Nick jamais revenir. Wyandotté héros. Qui donc pas se fier à Wyandotté ? Yankees ont toujours regardé lui comme grand chef.

— Je vous prends au mot, Wyandotté, et je vais tout vous dire, afin de me faire de vous un allié. Mais d’abord expliquez-moi pourquoi vous avez quitté la Hutte la nuit dernière ; les amis ne quittent pas leurs amis.

— Pourquoi avoir laissé le wigwam ? Parce que avoir besoin.