Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/32

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subsistait, l’île offrait une position très-forte contre toutes les attaques des Indiens, et même après que le bassin eut été desséché, était facile de s’y défendre. Au nord, le côté perpendiculaire du rocher dominant la plaine était presque inaccessible, tandis que les autres côtés offraient de grandes facilités pour la défense. De tout cela le capitaine résolut de tirer le parti le plus favorable, familiarisé qu’il était avec toutes les ruses de la stratégie indienne.

En premier lieu, il fit bâtir une forte muraille en pierre, de cent cinquante pieds de longueur sur une hauteur de six pieds. Elle s’étendait sur le front perpendiculaire des rochers, et s’appuyait sur deux autres murailles de chacune deux cents pieds de longueur, qui s’inclinaient sur les côtés en pente. Ces clôtures formaient une vaste enceinte fortifiée. Sur toute la muraille, il n’y avait qu’une seule entrée, au centre du côté méridional. Les matériaux avaient été extraits du rocher même, qui était couvert de pierres énormes. Au dedans de la muraille, qui avait été solidement bâtie par un maçon écossais, expert dans son métier, avait été construite une maison en poutres massives, régulièrement appuyées par de solides cloisons. Ce bâtiment, haut de vingt pieds non compris le toit, suivait dans toute son étendue la muraille, qui formait intérieurement la moitié de la hauteur. La largeur de cet édifice n’était que de vingt pieds ; car on avait ménagé à l’intérieur une cour d’environ cent cinquante pieds carrés. Le toit se projetait au-dessus de la porte d’entrée, de sorte qu’avec les barrières l’espace était entièrement clos. Tout cela avait été fait durant l’hiver, et l’extérieur de l’édifice semblait complétement quoique grossièrement achevé. Cependant il avait l’aspect sombre d’une prison ; il n’y avait rien qui ressemblât à une croisée ; aucune ouverture même, autre que la barrière, dont les deux battants étaient fixés, mais non encore mis en place ; on les voyait appuyés contre les murailles adjacentes. Il est à peine nécessaire de dire que le bâtiment ressemblait plutôt à une caserne qu’à une demeure ordinaire. Madame Wittoughby la contemplait en silence, ne sachant si elle devait approuver ou condamner, lorsqu’une voix se faisant entendre à quelques pas d’elle attira son attention.

— Comment trouvez-vous ça ? demanda Nick qui, assis sur une pierre au bord du ruisseau, se lavait les pieds après une journée de chasse ; n’est-ce pas meilleur qu’une peau de castor ; le capi-