Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/57

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— Ceci est un endroit bien retiré, mes sœurs, dit-il d’un air pensif. Est-ce que nos parents ne parlent jamais de vous mener dans le monde ?

— Nous allons tous les hivers à New-York, depuis que notre père fait partie de la députation, répondit Beulah. Nous espérions vous y rencontrer à la saison dernière, et nous fûmes bien contrariées de ne pas vous voir.

— Mon régiment avait été envoyé, comme vous le savez, vers l’est ; et comme je venais justement d’obtenir mon nouveau rang de major, il n’aurait pas été convenable de m’absenter. Est-ce que vous ne voyez pas ici d’autres personnes que celles qui habitent le domaine ?

— Oh ! si fait, s’écria Maud avec vivacité ; puis elle fit une pause, comme si elle eût regretté d’avoir trop parlé, et reprit d’un ton plus calme : Je veux dire, de temps en temps. Sans doute l’endroit est très-retiré.

— À quelles conditions appartiennent vos visiteurs ? Sont-ce des chasseurs, des trappeurs, des sauvages, ou des voyageurs ?

Ce fut Beulah qui répondit.

— Un peu de tout cela, dit-elle, quoique très-peu assurément des derniers. Les chasseurs se présentent assez souvent ; un ou deux par mois dans la belle saison. Les Indiens y viennent plus fréquemment, quoique je pense que nous en avons vu moins pendant l’absence de Nick que lorsqu’il était au milieu de nous ; une centaine environ par an, y compris les femmes. Vous savez qu’ils marchent toujours par troupes ; cinq ou six visites peuvent donc atteindre ce nombre. Quant aux voyageurs, ils sont rares ; ce sont en général des hommes d’affaires, des surveillants, et quelquefois des propriétaires à la recherche de leurs terres. Nous avons eu deux de ces derniers la saison dernière, avant notre voyage à la ville.

— Voilà qui est singulier ; au fait, cependant, il y a de quoi chercher dans une immensité comme celle-ci. Quels étaient ces deux propriétaires ?

— Un vieillard et un jeune homme. Le premier était, je crois, en quelque sorte associé avec feu sir William, qui avait dans notre voisinage une concession, objet de ses recherches. Son nom était Fonda. Le second était un des Beekman, qui a dernièrement hérité d’une propriété très-étendue, située à quelque distance