Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sance, et Bob est comme ci comme ça. Mais je suis surprise tu compares un homme de vingt-sept ans à un de soixante… Bob m’a assuré que maintenant il jouait très-bien de la flûte.

— Il fait si bien tout ce qu’il entreprend ! M. Woods disait, il y a quelques jours qu’il n’avait jamais rencontré un garçon qui comprît si bien les mathématiques.

— Oh ! les oies de M. Woods sont des cygnes. Je suis sûre qu’il a d’autres jeunes gens aussi habiles que Bob. Je ne crois pas aux non pareils, ma chère Beulah.

— Tu me surprends, Maud ; j’ai toujours cru que Bob était ton favori. Lui-même, d’ailleurs trouve ce que tu fais si bien, si parfait ! Ce soir encore il regardait l’esquisse que tu as faite de notre établissement, et il assurait qu’il ne connaissait pas, même en Angleterre, un artiste capable de la mieux exécuter.

Maud rougit et, baissa la tête, mais elle conserva son sourire moqueur.

— Quelle absurdité, dit-elle ; et comment Bob pourrait-il juger des dessins ? Il sait à peine distinguer un arbre d’un cheval.

— Comment peux-tu parler ainsi de ton frère ? dit la généreuse Beulah, qui ne pouvait voir d’imperfection dans Bob. Quand il t’apprenait à dessiner, tu lui trouvais l’habileté d’un artiste.

— Vraiment ! eh bien, j’avoue que je suis une Capricieuse créature. Mais, quoi qu’il en soit, je ne puis considérer Bob comme je le faisais autrefois. Il a été longtemps loin de nous, tu sais… et l’armée rend les hommes si formidables… et puis ils ne sont pas comme nous, tu sais… enfin, je trouve Bob tout à fait changé.

— Eh bien, je suis contente que maman ne t’entende pas, Maud ; elle qui considère son fils, maintenant qu’il est major et qu’il a vingt-sept ans, absolument comme elle le faisait quand il était en jupons. Du reste, elle nous regarde tous comme des enfants.

— C’est une bonne mère, je le sais, dit Maud tandis que ses yeux se remplissaient de larmes involontaires et elle ajouta plus impétueusement : Ses paroles, ses actions, ses souhaits, ses espérances, ses pensées ; tout cela est toujours bien.

— Oh ! je te reconnais bien, dès qu’il s’agit de notre mère. Hé bien, moi, je n’ai pas une telle horreur des hommes, qu’il ne me semble juste d’avoir autant de tendresse pour son frère ou son père que pour sa mère.

— Pas pour Bob, Beulah. De la tendresse pour Bob ! mais, ma