Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/68

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Comment diable la chère fille suppose-t-elle que je pourrai emporter une tette provision de linge sans même un cheval pour m’alléger d’un seul paquet. Ma valise ressemblerait à celle d’un général en chef, si j’emportais tout ce qu’elles me destinent ? Qu’est ceci ? une bourse, une belle bourse en soie ! et encore le nom de Beulah ! Rien de Maud. Maud m’aurait-elle oublié ? Manchettes, mouchoirs ! jarretières ; oui, j’en vois une paire tricotée par ma mère. Et rien de Maud. Ah ! qu’avons-nous ici ? Par ma foi, c’est une belle écharpe de soie à rendre jaloux tout un régiment. A-t-elle été achetée, ou bien est-ce le travail d’une année ? Il n’y a pas de nom dessus. Cela vient-il de mon père ? Peut-être est-ce une de ses vieilles écharpes ; dans tous les cas, c’est une vieille bien neuve, car je ne pense pas qu’elle ait jamais été portée ; je m’en informerai demain matin. Je m’étonne qu’il n’y ait rien de Maud.

Puis le jeune homme mit les présents de côté, baisa son écharpe, et, je regrette de le dire, sans réciter ses prières, il se mit au lit.

Transportons-nous maintenant dans la chambre où les deux jeunes filles, sœurs d’affection, sinon de naissance, allaient aussi gagner leur lit. Maud, toujours la plus vive et la plus prompte, dans toutes ses actions, était déjà en toilette de nuit, et, enveloppée dans un châle, elle attendait que Beulah eût fini ses prières pour commencer l’entretien. La jeune fille agenouillée se releva bientôt, et notre héroïne lui dit : — Le major doit avoir examiné la corbeille maintenant, je l’entends aller et venir dans la chambre. Comme les hommes marchent plus lentement que nous, Beulah !

— C’est vrai. Bob est devenu si grand qu’il m’effraie souvent. Ne trouves-tu pas qu’il ressemble merveilleusement à papa ?

— Je ne vois pas cela. D’abord il ne porte pas de poudre, ensuite il est plus grand, mais plus blond, plus coloré, beaucoup plus jeune, et tellement différent de mon père que je suis étonnée de t’entendre parler ainsi.

— C’est singulier, Maud ; ma mère et moi nous avons été frappées ce soir de la ressemblance, et nous nous en réjouissions. Mon père est beau et Bob l’est aussi.

— Ils peuvent être beaux tous deux sans être semblables. Mon père est certainement un des plus beaux vieillards de ma connais-