Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/71

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heur des larmes abondantes vinrent la soulager et l’empêchèrent de s’évanouir.

— Beulah, ma sœur, ma véritable sœur, s’écria Maud en se jetant dans les bras de la jeune fille désolée.

— Ah ! Maud, tu es, tu seras à jamais ma sœur, mon unique sœur.


CHAPITRE VI.


Qu’il est grand de mourir pour son pays ! La couronne de la renommée est brillante ! la gloire nous attend ! la gloire qui n’est jamais obscure ! la gloire qui resplendit d’une lumière sans fin ! la gloire qui ne se flétrit jamais !
Percival


Malgré la surprenante nouvelle qui avait si subitement atteint l’habitation du Rocher, et le chaud conflit qui avait eu lieu dans ses murs, la nuit se passa paisiblement. Au retour de l’aurore, les deux Plines, les briseuses et tous les domestiques étaient sur pied ; et bientôt Mike, Saucy Nick, Joël et les autres purent être vus dans les champs et sur le bord des bois. On fit paître les bestiaux, les vaches furent traites, les feux allumés, et tout se passa selon les habitudes du mois de mai. Les trois négresses, suivant leur usage, se mirent à chanter en travaillant, de façon à étouffer les chansons matinales des oiseaux de la forêt. Marie, en son particulier, aurait pu défier le bruit du Niagara. Habituellement le capitaine la nommait son clairon.

Bientôt les maîtres de la maison firent leur apparition. Mistress Willoughby sortit la première de sa chambre, suivant son habitude quand il y avait beaucoup à faire. Dans l’occasion présente, le veau gras devait être tué, non en l’honneur du retour de l’enfant prodigue, mais pour celui qui était l’orgueil de ses yeux et la joie de son cœur. Le déjeuner qu’elle ordonna était celui qu’ont fait tous ceux qui ont visité l’Amérique. La France peut préparer un splendide déjeuner à la fourchette, et l’Angleterre a travaillé