Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/192

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— Oui, grâce à Dieu, nous n’avons d’autre perte à déplorer que celle du sleigh et des chevaux. Mais où sont Guert Ten Eyck et miss Wallace ?

— Ils sont sur l’autre bord ; nous nous sommes séparés, et ils ont pris cette direction pendant que nous venions ici. — Je parlais ainsi pour calmer les inquiétudes d’Anneke, car j’étais loin d’être rassuré sur leur sort. — Mais racontez-nous comment vous-même vous avez pu vous sauver.

Dirck, tout en marchant, nous apprit ce qui s’était passé. Dans ses premiers efforts pour gagner la rive occidentale, Herman Mordaunt avait été arrêté par l’obstacle que Guert n’avait que trop bien prévu, et il s’était dirigé vers le sud, espérant, en s’éloignant de la digue qui s’était formée plus haut, trouver un point où il pourrait prendre terre. Après des tentatives réitérées, toutes sans succès, Herman ne vit d’autre ressource que de passer sur des glaçons flottants qui se trouvaient entraînés par le courant avec une vitesse de quatre à cinq milles à l’heure. Dirck avait été laissé pour garder les chevaux pendant qu’Herman tentait l’entreprise avec mistress Bogart ; mais les voyant en grand danger, il avait tout quitté pour voler à leur secours, et ils étaient tombés tous les trois dans l’eau qui, heureusement, n’était pas très-profonde à cet endroit. Les chevaux bais, abandonnés à eux-mêmes, sentant que la glace craquait et fléchissait sous leurs pas, s’étaient effrayés et avaient pris le mors aux dents. Mistress Bogart avait été portée à terre par ses compagnons, qui avaient réussi à gagner une ferme, à environ un quart de mille de l’endroit où nous avions rencontré Dirck. On avait fait bassiner un lit ; mistress Bogart s’était couchée ; et les deux messieurs avaient changé de vêtement, les bonnes gens qui habitaient la ferme ayant mis à leur disposition tout ce qu’ils avaient ; aussitôt après, Dirck s’était mis à notre recherche.

D’après les informations que je pris, je reconnus que le point de la rivière où j’avais abordé avec Anneke était au moins à trois milles au-dessous de l’île où nous avions cherché notre premier asile. Nous avions donc parcouru presque toute cette distance sur la montagne de glace où nous étions restés si peu de temps ; marque certaine de la rapidité du courant. Personne