Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/262

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nonça hautement pour Ravensnest. Mais l’Onondago refusa de faire un seul pas dans cette direction. Il resta immobile, la main étendue vers le nord-ouest, avec une obstination qui menaçait de contrarier notre expédition.

— Nous ne connaissons pas ce chemin, Sans-Traces, dit Guert en réponse à cette pantomime expressive, qui était aussi claire que toutes les phrases du monde, et nous préférerions suivre celui qui nous est déjà familier. D’ailleurs, nous voudrions faire nos adieux à ces dames.

— Pas de squaw ! rien de bon de ce côté ; — le sentier de la guerre ne conduit pas vers les squaws. Huron et guerrier français sont ici.

— Oui, mais ils sont là également ; nous ne serons pas moins vite à leurs trousses en allant à Ravensnest.

— Pas assez vite ; le chemin est long, le temps est court. Le chef des Visages Pâles est très-pressé.

— Et, parbleu ! leurs amis ne le sont pas moins, et c’est pour cela que nous voulons partir sans plus attendre. Vous ferez bien de nous suivre, car très-certainement nous ne vous suivrons pas. Allons, messieurs, montrons le chemin à l’Indien, puisqu’il ne veut pas nous donner l’exemple. Nous n’aurons pas fait un ou deux milles, qu’il jugera plus honorable d’aller en avant, et jusque-là je me fais fort de vous conduire.

— Chemin bon pour ceux qui ne veulent pas voir l’ennemi ! dit Susquesus avec une certaine ironie.

— Par saint Nicolas, Indien ! qu’est-ce que tout cela signifie ? s’écria Guert en se retournant brusquement et en courant sur l’Onondago qui ne jugea pas à propos d’attendre le coup qui le menaçait, mais qui partit d’un pas rapide en se dirigeant, comme il l’avait dit, vers le nord-ouest.

Guert se mit à sa poursuite, sans autre intention, dans le premier moment, que de faire peser son bras redoutable sur l’épaule de l’Indien ; mais je m’élançai si rapidement sur ses traces, suivi de Dirck et de Jaap, que nous courions tous à la suite l’un de l’autre, à raison de quatre milles par heure, presque sans nous en apercevoir. Un élan semblable, pris sous une première impulsion, ne peut pas s’arrêter en un instant, et nous n’avions pas encore re-