Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de pas, s’il y en avait, et l’Onondago se mit à examiner toutes les traces qui avaient pu rester de ce drame sanglant, avec l’intelligence qui le caractérisait.

Au pied d’un chêne séculaire, à vingt pas des funestes sapins, nous trouvâmes les deux paniers couverts, dans lesquels nous savions que Peter avait coutume de porter des provisions à M. Traverse et à ses gens. Ces paniers étaient vides ; mais les provisions étaient-elles arrivées à leur destination, ou bien avaient-elles été interceptées par les Hurons ; c’est ce que nous ne sûmes jamais. Il n’y avait aucune trace d’os ni d’autres fragments ; et si elles étaient tombées entre les mains des Hurons, ils les avaient sans doute transportées sur-le-champ en lieu sûr, sans s’arrêter à les manger. Susquesus acquit la preuve que la victime s’était assise au pied du chêne, et qu’elle y avait été saisie. De nombreuses empreintes de pas attestaient même qu’il devait s’être engagé une courte lutte. On voyait aussi des traces de sang sur les feuilles, depuis le pied du chêne jusqu’à l’endroit où le pauvre Peter était suspendu ; ce qui annonçait qu’il avait été blessé avant d’être abandonné à son cruel destin.

Mais le point le plus intéressant pour Susquesus était de s’assurer du nombre de nos ennemis. Il examina les empreintes rapidement, quoique avec soin, puis il me dit qu’il fallait retourner à l’habitation, de peur que ceux que nous y avions laissés ne fussent surpris pendant leur sommeil. Il m’apprit en chemin que, sur ce point, les Hurons n’avaient pas dû être au nombre de plus de trois ou quatre, qu’ils s’étaient sans doute séparés des autres, et que toute la troupe n’avait pas assisté à cette atroce exécution.

Il faisait grand jour quand la hutte reparut à mes yeux, et je vis Jaap qui lavait ses pots et ses marmites près de la source. Sans doute Guert et Dirck donnaient encore, puisqu’ils ne se montraient nulle part. De la hauteur où nous étions placés, nous jetâmes un long regard de défiance sur tous les alentours de l’habitation, avant d’approcher davantage. N’apercevant aucun indice alarmant, — et la vue pouvait planer assez loin sans obstacle, les arbres en cet endroit s’élançant à une grande hauteur, sans qu’il y eût de branches inférieures ni de broussailles dans le bas,