Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/100

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Elle était datée de 1770, quatorze ans avant qu’on eût commencé la construction du temple, et cinq ans avant la bataille de Lexington. Je vis, entre autres choses, que mon père accordait des remises à ses fermiers et locataires jusqu’à concurrence de 500 dollars pour aider à l’érection d’un temple ; se réservant seulement d’être consulté sur la dénomination qu’il prendrait. J’ajouterai ici qu’en examinant les quittances, je m’aperçus que la totalité des 500 dollars avait été versée, l’année même, entre les mains de M. Newcome, qui avait gardé la somme pendant tout l’intervalle, ce qui n’avait sans doute pas été à son détriment.

— Et cette somme a sans doute été employée suivant les intentions de mon père ? demandai-je en rendant la lettre.

— Jusqu’au dernier dollar, major ; et quand vous contemplerez le nouveau temple, vous aurez la satisfaction de pouvoir vous dire que votre argent a contribué pour beaucoup à son érection. Quels sentiments délicieux cette pensée n’éveillera-t-elle pas dans votre âme ? Quel bonheur pour un propriétaire de songer que sa fortune a été employée au bien-être de ses semblables !

— C’est bien vrai ; car j’ai vu par les comptes transmis à mon père que jamais la plus petite somme ne lui a été envoyée ; et qu’il n’est pas même rentré dans ses premiers déboursés.

— C’est possible, major, c’est même probable ; mais il a fallu satisfaire l’esprit de progrès, et messieurs les propriétaires attendent naturellement leur récompense des générations futures. Oui, il viendra un temps où ces terres affermées seront d’un bon produit, et vous recueillerez alors le fruit de votre générosité.

Je me dispensai de répondre. Le chariot était alors à la porte de l’auberge, et Jaap était occupé à décharger les bagages. Le bruit de mon arrivée s’était répandu, et quelques-uns des plus vieux colons, ceux qui avaient connu Herman Mordaunt, se réunirent autour de moi, en me prodiguant des témoignages d’affection et de respect. Ils voulurent tous me serrer la main, et en leur rendant leur étreinte, je me dis que les relations de maître à fermier devraient être toujours pleines de confiance et de bonté. Je n’avais aucun besoin d’augmenter mes revenus, et