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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/99

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nom qu’on donnerait à l’édifice. De cette manière chacun a travaillé comme s’il travaillait pour sa propre secte. Aussi, vous le voyez, les planches, les châssis vitrés, les bancs, tout est prêt. Il ne reste qu’à assembler les pièces, puis à prêcher.

— Pourquoi n’avez-vous pas achevé le bâtiment, avant d’en venir au vote définitif ?

— C’eût été dépasser le but, major. Il faut voir jusqu’où l’on peut aller, et s’arrêter à propos. Nous avons bien examiné la chose, et il a été reconnu que le moment était venu de mettre la question aux voix. Tout a réussi le mieux du monde, et nous avons décidé, à l’unanimité, que nous serions Congrégationistes. C’est une heureuse chose que l’unanimité en fait de religion.

— Ne craignez-vous pas que le zèle ne se ralentisse à présent, et que les mécontents ne se refusent à payer les charpentiers, les peintres, le ministre ?

— Ils pourront bien se faire tirer l’oreille ; mais ils céderont. Votre généreux exemple, major, a produit son effet et continuera à exercer de l’influence.

— Mon exemple, monsieur Newcome ! je ne vous comprends pas ; jamais de ma vie je n’avais entendu parler de ce temple, avant les allusions que je vous ai entendu y faire tout à l’heure.

M. Newcome toussa pour s’éclaircir la voix et se trouva enfin en état de répondre.

— Je dis votre exemple, monsieur ; car vous ne faites qu’un avec votre honoré père, et la première impulsion a été donnée par le général Littlepage, longtemps même avant la révolution. Ce n’est guère en temps de guerre, major, vous le savez, qu’on peut songer à bâtir des temples ; aussi avons-nous toujours différé. Mais, à présent que nous avons la paix, j’ai pensé que le moment était venu de mettre le grand projet à exécution. J’espérais que tout serait achevé avant votre arrivée, et que vous auriez eu le spectacle édifiant d’une population réunie pour prier. Voici la lettre de votre père, dont j’ai lu un passage aux habitants, il y a une demi-heure.

— Sans doute le défaut de temple n’a pas été un obstacle à la piété de la population. Mais voyons la lettre de mon père.