Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/144

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nistration épiscopale, est laissée pendant un siècle sans évêque, dans l’impossibilité, par conséquent, d’observer des pratiques qu’elle regarde comme essentielles ; et cela parce qu’il ne convient pas à la politique de la métropole de nous accorder des prélats à nous, ni même de nous en envoyer un des siens ! Que la politique humaine paraît étroite et mesquine, quand on la pèse dans la balance du bon sens ! Et ce reproche, je ne l’adresse pas à tel système de religion en particulier ! Partout je retrouve le même vice, lorsque l’Église tient à l’État par des nœuds intimes.

Mais, hélas ! quand ce nœud est brisé, les choses en vont-elles beaucoup mieux ? Qu’arrive-t-il parmi nous ? Ne voyons nous pas des sectes, et souvent des simulacres de sectes, surgir de tous les côtés, à tel point que les ministres se disputent et s’arrachent les fidèles, et ce n’est point entre eux à qui fera le plus grand nombre de chrétiens, mais à qui fera entrer le plus grand nombre d’adhérents dans son petit troupeau. Quant au peuple, au lieu de ne considérer qu’une église, souvent établie par lui-même, il ne considère que ses goûts, ses inimitiés ou ses prédilections ; il respecte le prêtre beaucoup plus que l’autel, et se croit le droit d’être représenté directement dans le gouvernement des serviteurs de Dieu sur cette terre. La moitié d’une paroisse, au moindre mécontentement, se sépare et forme une autre secte. Il semblerait vraiment qu’on cherche à façonner la religion à son gré, et que ce n’est plus Dieu qui dicte ses lois, mais la créature qui veut bien prêter son appui au créateur.

Mais je n’écris pas des homélies, et je m’empresse de retourner auprès de mes amis. Un jour ou deux après la signature du nouveau bail de M. Newcome, André, Frank, Ursule et moi, nous étions assis sous le petit berceau d’où la vue planait sur les prairies, quand nous vîmes Susquesus s’avançant, du pas léger de l’Indien, le long d’un sentier qui conduisait, à travers la forêt, à Mooseridge. Il portait, comme toujours, sa carabine, et avait sur le dos un gros paquet de ce qui nous parut être du gibier, quoique l’éloignement ne nous permît pas d’en être certains. Au bout d’une minute, il disparut derrière une pointe avancée des rochers, se dirigeant vers la maison.