Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/175

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-moi ; nous allons voir ce que mistress Mille-Acres peut faire pour nous. Le déjeuner doit être prêt maintenant, et, quel qu’il soit, vous et votre ami, vous serez les bienvenus à en prendre votre part. — Eh bien, ajouta le squatter dès qu’il se fut mis en marche, dites-moi un peu les nouvelles, Sans-Traces. Nous vivons très-retirés, comme vous voyez, et nous n’apprenons quelque chose que par les garçons quand ils descendent le courant pour accompagner nos trains de bois. Nous sommes en bonne veine ici, et j’espère que les choses vont assez bien à Albany pour que les planches nous rapportent quelque chose. Il est grand temps que le travail reçoive sa récompense.

— Je ne sais pas, je n’ai jamais vendu de planches, répondit l’Indien ; je n’en ai jamais acheté. Les planches ne m’intéressent guère. La poudre est à bon marché, à présent que le sentier de guerre est fermé. Voilà qui est bon, hein ?

— Moi, Sans-Traces, Je m’inquiète beaucoup plus des planches que de la poudre, quoique la poudre ait aussi son utilité. Oui, oui, la poudre a du bon. De la venaison, du sanglier, c’est une nourriture saine et qui ne coûte pas cher. La poudre peut être employée de beaucoup de manières. — Quel est votre ami, Sans-Traces ?


— C’est un ancien jeune ami, — je connais son père. Il vit dans les bois comme nous, cet été. Il chasse le daim.

— Il est le bienvenu, mille fois le bienvenu. Tout le monde est le bienvenu ici, sauf le propriétaire. Vous me connaissez, Sans-Traces ; vous connaissez le vieux Mille-Acres, et peu de mots suffisent entre amis d’ancienne date. Mais, dites-moi, Onondago : avez-vous vu le porte-chaîne, et sa légion d’arpenteurs du diable, dans les bois cet été ? Les garçons semblent croire qu’il est à l’œuvre, quelque part dans ces environs, et qu’il recommence ses anciens tours !

— Je l’ai vu. C’est aussi un vieil ami, le porte-chaîne. J’ai vécu avec lui avant l’ancienne guerre contre les Français. J’aime à vivre avec lui quand je le peux. C’est un brave homme le porte-chaîne, entendez-vous, Mille-Acres. Quels tours fait-il ?

L’Indien parlait avec une certaine chaleur, car il aimait trop André pour ne pas prendre sa défense, dès qu’on paraissait l’at-