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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/233

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tour d’elle, et, à ce qu’il me parut, avec une certaine alarme. — Zéphane dit qu’elle est terriblement belle ?

— C’est, je crois, l’opinion générale ; bien qu’à cet égard elle soit loin d’être la seule ; il ne manque pas de jolies filles en Amérique. Oui Ursule est ici ; je ne veux pas dire dans le magasin, mais tout près, dans les bois. Elle a accompagné son oncle jusqu’à l’entrée de la clairière. Regardez — de ce côté, — plus à l’est. Voyez-vous un tronc d’arbre noirci, dans le champ de blé, derrière l’habitation de votre père  ?

— Parfaitement. — Il est assez visible. Je voudrais bien voir Albany aussi distinctement.

— Maintenant, un peu à gauche de ce tronc, vous apercevez un grand châtaignier, tout à fait sur la lisière du bois ? On dirait qu’il sort de la forêt pour regarder la clairière.

— Je le vois aussi, et je le connais à merveille. Il y a au pied une source d’eau.

— Eh bien, c’est là que le porte-chaîne a laissé sa nièce, et elle ne doit pas en être loin. Oseriez-vous bien aller jusque-là, non pas en droite ligne, mais en vous promenant de côté et d’autre, et remettre une lettre ?

— Rien de plus facile. Nous autres jeunes filles, nous prenons nos ébats dans les champs, et c’est justement le temps des mûres. Je cours chercher un panier, et pendant ce temps vous n’avez qu’à écrire votre lettre. Personne ne songera nullement à moi, en voyant que je vais faire ma petite récolte. J’ai un terrible désir de voir Ursule ! Croyez-vous qu’elle se décidera pour Zéphane ?

— Les jeunes filles sont si légères que je n’oserais trop me prononcer. S’il s’agissait de quelqu’un de mon sexe, je serais plus hardi.

— Moi, je vous dis, s’écria Laviny en s’enfuyant pour aller prendre son panier, qu’une jeune fille est tout aussi fidèle et tout aussi sincère qu’aucune créature vivante.

Il me fallait alors songer à écrire ma lettre. Mon porte-feuille me fournit ce qui m’était nécessaire, et je m’approchai du porte-chaîne, pour lui dire ce que j’allais faire, et lui demander s’il voulait que j’ajoutasse quelque chose pour lui.