Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/238

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grand air qu’il pouvait l’être dans sa prison. Il n’avait rien à faire ; et l’Indien si énergique, quand la nécessité, la guerre ou le plaisir le demandent, est toujours oisif dans toute autre occasion, et ne sait pas l’être.

Les choses étaient dans cet état, lorsque, quelque temps après l’entrevue que je viens de raconter, nous eûmes une autre visite. Cette fois le détachement était conduit par Tobit. On venait nous chercher pour nous conduire à la butte de Mille-Acres, où tous les hommes de la famille étaient assemblés. Il semblait que nous allions être soumis à une sorte de jugement d’où devait dépendre notre sort. Je consultai le porte-chaîne sur la convenance de nous prêter à une semblable mesure. André ne demandait pas mieux que de se trouver face à face avec les squatters, pour leur dire ce qu’il avait sur le cœur, n’importe où ni comment. Le voyant dans cette disposition d’esprit, et n’ayant, pour ma part, aucune objection à faire, je quittai le magasin avec lui, escorté par quatre des fils de Mille-Acres, bien armés, pour me diriger vers le siège de la justice, dans cet étrange gouvernement patriarcal.


CHAPITRE XXII.


Quand Adam bêchait et qu’Ève filait, où était alors le gentleman ?
Vieux dicton.


Mille-Acres, tout en s’insurgeant contre la loi, n’avait pas négligé les formalités. Nous trouvâmes une sorte de cour de justice établie devant la porte de la maison. Lui-même siégeait au milieu, tandis que la pièce principale ne contenait que Prudence et deux ou trois de ses filles. Je fus surpris d’y apercevoir Laviny, car je ne l’avais pas vue revenir de la forêt, quoique mes yeux n’eussent presque pas quitté cette direction, dans l’espérance d’entrevoir Ursule.