Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/28

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— Ces détails me font grand plaisir, repris-je un peu sèchement ; car enfin, si je rencontrais par hasard un de ces Bayard, il est bon que je sache d’avance quelle figure je dois lui faire. Et tous sont compris dans l’amnistie ?

Catherine répondit en riant qu’il n’y avait point d’exception, mais que c’était surtout avec ceux qui demeuraient aux Hickories que nous étions liés.

— Et combien cette branche particulière a-t-elle de rameaux ? une douzaine, une vingtaine ?

— Quatre seulement. Ainsi, vous voyez que ce n’est pas un impôt trop lourd, levé sur vos affections. Je présume que votre cœur a bien encore de la place pour quatre amis.

— Pour mille, si je pouvais les trouver, ma chère. Je puis accepter tous les amis que vous voudrez ; mais je n’ai de place pour aucune autre personne. Tous les autres coins sont occupés.

— Occupés ! j’espère que vous plaisantez. Il y a du moins une petite niche vacante ?

— Il est vrai ; j’oubliais que je dois réserver une place pour le frère que vous me donnerez un de ces jours. Nommez-le, mon enfant, nommez-le, dès que vous le voudrez ; je suis tout disposé à l’aimer.

— C’est bien assez, peut-être, qu’Anneke vous ait donné un frère, et un frère excellent, tel que vous pouviez le désirer.

— Oui, oui, propos de jeune fille, et, comme dit la chanson, autant en emporte le vent. Plus vous me direz vite le nom du jeune homme, plus vite aussi je l’aimerai. — Voyons : serait-ce un de ces Bayards ? quelque chevalier sans peur et sans reproche ?

Catherine avait d’ordinaire de brillantes couleurs ; mais quand je tournai les yeux sur elle pour l’interroger, plus par malice que dans la pensée d’apprendre quelque chose de nouveau, je vis l’incarnat de ses joues s’étendre jusqu’à ses tempes. Le petit chapeau de castor qu’elle portait, et qui lui allait à ravir, ne suffisait plus pour cacher sa confusion, et je commençai à soupçonner que j’avais trouvé l’endroit sensible. Mais ma sœur n’était pas d’un caractère à se déconcerter longtemps, et elle me répondit avec assurance :

— J’espère, mon ami, que votre nouveau frère, si jamais vous