Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 26, 1846.djvu/48

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prétendu de votre sœur ? M. Bayard est un charmant jeune homme, n’est-il pas vrai ?

— C’est donc bien décidément un prétendu, grand’maman ? Kate y consent ?

— Allons donc, enfant ! dit ma grand’mère en souriant avec autant de malice que si elle n’avait eu que seize ans ; il y a des siècles ! Petit père à tout approuvé, petite maman aussi ; moi je n’ai pas dit non, comme vous jugez bien, et Anneke est aux anges ! Il ne manquait absolument que votre approbation. — Voyez-vous, grand’maman, m’a dit cette chère enfant, ce ne serait pas bien à moi de donner ma main pendant que Mordaunt est absent, et qu’il ne connaît pas même la personne. Attendons son retour. — N’était-ce pas bien aimable de sa part ?

— Oh ! oui, et je ne l’oublierai jamais ; mais pourtant si je n’avais pas approuvé son choix que serait-il advenu ?

— Méchant que vous êtes ! on aurait attendu, et puis on aurait cherché à vous faire revenir de vos préventions. D’ailleurs est-ce que la chose était possible ? Enfin, vous avez donné votre approbation, et il ne manque rien au bonheur de Kate. Une lettre de Lilacsbush, apportée par Jaap, contient le consentement en règle de vos parents, — et quels parents vous avez, mon garçon ! — Kate a écrit aussitôt hier pour donner le sien, et si vous aviez vu comme son petit billet était gentiment tourné ! Il n’y avait que votre mère, Anneke Mordaunt, qui, dans son temps, fût capable d’en écrire de semblables.

— Je suis charmé que tout soit arrangé à votre satisfaction, et certes personne ne désire plus que moi que Kate soit heureuse. C’est une si excellente fille !

— N’est-ce pas ? une véritable Littlepage jusqu’à la moelle des os ! Oh ! elle sera heureuse. Tous les mariages de notre famille ont toujours été heureux. Eh ! bien, mon garçon, quand Kate va être mariée, il ne restera plus que vous.

— Oui, bonne maman, et vous ne serez pas fâchée qu’il reste quelqu’un qui vienne vous voir, sans avoir à ses trousses un tas d’enfants et de nourrices.

— Moi, mon ami ! je serais au désespoir, au contraire, maintenant que la guerre est terminée, de ne pas vous voir vous marier