Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/139

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— Je les remercie. — Je craignis d’avoir fait une, réponse un peu sèche ; car je vis que Patt parut étonnée. — Mais, ajoutai-je, les villes américaines sont juste ce qu’il faut pour gâter de jeunes femmes, ne leur donnant ni le raffinement, ni la politesse que l’on trouve dans de véritables capitales, tandis qu’elles leur ôtent le naturel et la simplicité de la campagne.

— Eh bien, monsieur Hughes, c’est avoir beaucoup d’humeur pour peu de chose, et ce n’est pas un très-beau compliment pour ta sœur. Mais pourquoi mes villes américaines, et non les tiennes ? Est-ce que tu n’es plus un des nôtres ?

— Un des vôtres assurément, chère Patt, mais non pas un de ceux de toute fille maniérée qui veut passer pour une élégante avec ses ducs du Violon ! Mais assez sur ce compte. Tu aimes les Warren ?

— Beaucoup, père et fille. Le premier est juste ce que doit être un prêtre ; d’une intelligence qui en fait un agréable compagnon pour un homme, et d’une simplicité comme celle d’un enfant. Tu te rappelles son prédécesseur, si mécontent, si égoïste, si paresseux si injuste envers toute personne et toute chose, et en même temps si…

— Si quoi ? Jusqu’ici tu as tracé son portrait assez bien ; j’aimerais à entendre le reste.

— J’en ai déjà dit peut-être plus que je n’aurais dû ; car on pense généralement qu’en accusant un prêtre on porte aussi atteinte à la religion et à l’Église. Un prêtre doit être un bien méchant homme, Hughes, pour qu’on dise de lui des choses fâcheuses dans ce pays.

— C’est peut-être vrai. Mais tu aimes M. Warren mieux que celui qui le précédait ?

— Mille fois mieux et en tout. Outre que, nous avons un pasteur pieux et sincère, nous avons un voisin agréable et bien élevé, de la bouche duquel, depuis cinq ans, je n’ai pas entendu sortir un mot injurieux pour le prochain. Tu sais quelle est trop souvent l’habitude des autres prêtres et des nôtres, toujours en guerre, ou, s’ils se tiennent en paix, c’est une paix armée.

— Ce n’est que trop vrai, ou, du moins, c’était vrai avant mon départ.

— Ce l’est encore, je t’en réponds, quoique ce ne le soit plus ici. M. Warren et M. Peck semblent vivre en termes très-pacifiques,