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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/140

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quoiqu’ils soient, au fond, aussi différents l’un de l’autre que le feu et l’eau.

— À propos, comment le clergé des différentes sectes se conduit-il au sujet de l’anti-rentisme ?

— Je ne puis répondre que d’après ce que j’entends, à l’exception de M. Warren toutefois. Il a prêché deux ou trois sermons fort sévères sur la probité dans les transactions mondaines, l’un desquels avait pour texte le dixième commandement. Bien entendu qu’il ne fit pas mention du mouvement anti-rentiste ; mais chacun fit l’application des vérités qu’il venait d’entendre. Je ne sais si une autre voix s’est élevée de près ou de loin sur ce sujet ; mais j’ai entendu dire à M. Warren que le mouvement menace de démoraliser New-York, plus que toute autre chose qui ait pu arriver de nos jours.

— Et le ministre dissident du village ?

— Oh ! il marche nécessairement avec la majorité. Quand donc un seul de cette espèce s’est-il mis en opposition avec sa paroisse ?

— Et Mary a-t-elle la même énergie de principes que son père ?

— Tout à fait ; quoiqu’on ait beaucoup parlé de la nécessité, pour M. Warren, de changer de résidence et de quitter Saint-André, depuis qu’il a prêché contre la convoitise. Tous les anti-rentistes disent qu’il a voulu les désigner, et qu’ils ne le souffriront pas.

— Je le crois bien ; quand la conscience parle, chacun se croit appelé par son nom.

— Je serais très-désolée de me séparer de Mary, et presque autant de me séparer de son père. Il y a une chose, toutefois, que M. Warren serait d’avis que nous fissions, Hughes : c’est de retirer le dais qui surmonte notre banc. Tu ne peux pas t’imaginer le bruit qui se fait dans tout le pays sur ce sot ornement.

— Et moi, je ne veux pas qu’on le retire. C’est ma propriété, et personne ne l’enlèvera. C’est assurément une distinction déplacée dans la maison du Seigneur, je suis prêt à l’avouer ; mais elle n’a jamais blessé les yeux, jusqu’à ce qu’on pensât que des clameurs contre un ornement pourraient aider à me prendre mes terres à moitié prix, ou plutôt pour rien.

— Tout cela peut être vrai ; mais c’est déplacé dans une église, pourquoi le laisser ?

— Parce que je ne veux pas céder aux menaces. Il fut un temps