Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/15

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mander, non pas quel plaideur a le bon droit pour lui, mais lequel a pour lui le jury. Je ne vise pas à la perfection ; tout ce que je dis c’est que notre pays est un glorieux pays, et que toi et moi nous avons toute raison d’être fiers que le vieux Hughes Roger, notre prédécesseur et homonyme, ait jugé à propos de s’y transplanter, il y a un siècle et demi.

— Eh bien je gagerais, oncle Ro, que bien des Européens s’étonneraient qu’aucun homme fût fier d’être né Américain manhattanèse, comme vous et moi.

— Tout cela peut être vrai, car on a tenté plus d’une fois depuis peu de nous mettre en discrédit, par suite de la mesure prise par certains États de ne pas payer les intérêts de leurs dettes. Mais à tout cela la réponse est facile, et surtout de la part de nous autres New-Yorkistes. Il n’y a pas une nation en Europe qui paierait l’intérêt de ses dettes, si ceux qu’on impose pour le faire avaient le contrôle de ces impôts et le pouvoir de décider si on les lèverait ou non.

— Je ne vois pas en quoi cela raccommode les choses. Les autres pays vous disent que tel est l’effet de votre système, tandis que nous sommes trop honnêtes pour dire que ce système existe dans le vieil hémisphère.

— Bah ! pure plaisanterie ! Ils empêchent l’existence de notre système pour bien d’autres raisons, et ils contraignent au paiement des intérêts de leurs dettes, afin de pouvoir emprunter davantage. D’ailleurs cette affaire de répudiation de la dette, comme on t’appelle, a été misérablement falsifiée, et il n’y a pas à répondre au mensonge par des arguments. Aucun État américain n’a répudié sa dette que je sache, quoique plusieurs aient été incapables de remplir leurs engagements lorsqu’ils sont venus à échéance.

— Incapables, mon oncle ?

— Oui, incapables, voilà le vrai mot. Vois la Pensylvanie, par exemple ; voilà une des plus riches communautés du monde civilisé ; ses charbons et ses fers seuls suffiraient pour rendre riche un pays quelconque, et une portion de la population agricole est une des plus opulentes que je connaisse. Néanmoins la Pensylvanie, par suite d’un concours de circonstances, n’a pas pu payer l’intérêt de sa dette pendant deux ans et demi, quoiqu’elle le paie maintenant, et continuera probablement à le payer. La chute