Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/202

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toute cette bande me paraissaient particulièrement dirigés contre lui. Cependant mon attente fut déçue, et nous avions presque atteint les limites septentrionales de la petite forêt, lorsque nous aperçûmes les deux wagons qui avaient été si cavalièrement enlevés, et les deux chevaux que montaient les ravisseurs. Tout cela était rangé d’un côté, sous la garde d’un seul Indgien, de manière à annoncer que nous approchions un point de quelque intérêt. En nous dirigeant vers cet endroit, mon oncle et moi nous pensions bien devoir encore être arrêtés ; mais nous passâmes sans qu’il nous fût adressé une seule question. Tous les chevaux étaient couverts d’écume, comme s’ils avaient été surmenés, quoique, du reste, il ne parût rien qui indiquât du désordre, si ce n’est la présence de la sentinelle solitaire. Nous continuâmes donc à nous avancer au trot modéré du cheval de Tom Miller, jusqu’à ce que nous fussions si près de la limite du bois, que nous pouvions voir les champs qui s’étendaient devant nous. Là, cependant, nous pûmes distinguer certains mouvements qui, je l’avoue, ne me laissaient pas sans craintes.

Au milieu des buissons qui bordaient la route, je vis plusieurs Indgiens qui étaient là évidemment en embuscade. Ils pouvaient être une vingtaine en tout ; et il était maintenant suffisamment démontré que ceux qui avaient enlevé les wagons s’étaient rapidement portés en avant pour renforcer leur parti. À cet endroit, j’eus la conviction que nous allions être arrêtés. Cependant nous passâmes encore sans accident, quoiqu’il dût être certain pour les hommes cachés que nous nous étions bien aperçus de leur présence. Bientôt nous nous trouvâmes en pleine campagne.

Alors se trouva expliqué tout le mystère. Au-dessus d’une colline qui s’élevait devant nous, à notre gauche, descendait une route sinueuse sur laquelle s’avançait, à pas pressés, une petite troupe d’hommes que je pris au premier coup d’œil pour un détachement d’Indgiens, mais qu’à un second examen je reconnus pour être des Indiens ou de véritables hommes rouges. Entre les deux la différence est grande, comme tout américain le sait ; cependant plusieurs de mes lecteurs me sauront gré de quelques explications. Il y a Indien et Indgien. L’Indgien est un homme blanc qui, guidé par des projets illégaux et coupables, est obligé de cacher sa figure et de se déguiser pour accomplir sa tâche. L’Indien est un homme rouge, qui n’est ni effrayé ni honteux de montrer sa