Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/26

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les recevoir ; et que si le tenancier doit se soumettre à la dégradation d’offrir une couple de volailles, le propriétaire doit se soumettre à la dégradation de les accepter. Il me semble que l’un est l’équivalent de l’autre.

— Mais, si j’ai bon souvenir, oncle Ro, ces petites obligations peuvent se payer en argent.

— Cela reste toujours au choix du fermier ; car le défaut de paiement en nature, à l’époque stipulée, ne ferait qu’obliger au paiement en argent. Ce qu’il y a de plus étrange dans tout ceci, c’est qu’il y a parmi nous des hommes qui prétendent que ces propriétés à bail sont contraires à nos institutions, tandis qu’étant garanties par, les institutions, elles en forment réellement une partie.

— Comment l’entendez-vous, Monsieur ?

— Simplement, parce que les institutions ont solennellement proclamé le respect de la propriété. Il y a même un tel luxe de garanties, que toutes nos institutions déclarent qu’il n’y aura jamais aucune atteinte à la propriété en dehors des formes légales ; et à les lire, on est porté à croire que la propriété du citoyen est considérée comme aussi sacrée que sa personne. Eh bien, quelques-uns de ces baux existaient quand les institutions de l’État furent discutées et votées ; et non contents de cela, nous autres de New-York, d’accord avec les États voisins, nous nous sommes formellement interdit, dans la constitution des États-Unis, de rien changer aux droits existants. Néanmoins, il se trouve des hommes assez hardis pour affirmer qu’une chose qui, en fait, appartient aux institutions, leur est contraire.

— Peut-être, Monsieur, veulent-ils dire contraire à leur esprit ou à leurs tendances.

— Ah ! dans cela il y a quelque sens, quoique beaucoup moins que ne l’imaginent les déclamateurs. L’esprit des institutions est leur objet légitime et il serait difficile de prouver qu’une tenure à bail, avec quelques conditions de redevance pécuniaire, soit contraire à des institutions qui reconnaissent le droit intégral de propriété. L’obligation de payer une rente ne crée pas plus une dépendance politique que ne le fait un crédit ouvert dans une boutique beaucoup moins, en vérité, surtout avec des baux comme ceux des Rensselaer ; car le débiteur dans un grand-livre peut être sommé à chaque instant de payer, tandis que le tenancier connaît