Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/29

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— Beaucoup de choses qu’il n’aurait pas dû faire, et peu de choses de ce qu’il aurait dû. Tu connais l’état de la politique chez nous ; tu sais quelle est l’importance de New-York dans toutes les questions nationales, et combien ses votes sont recherchés. D’où il résulte que la portion la moins honnête des votants acquiert une importance anormale, ce qui a été plus que suffisamment démontré dans la question actuelle. Le moyen le plus simple eût été de lever une force armée qui eût parcouru le pays comme le parcourent les antirentistes avec leurs Indgiens, ce qui les eût promptement fatigués et dispersés. Au lieu de cela, la législature n’a littéralement rien fait jusqu’à ce que le sang fût répandu et que le mal fût devenu non-seulement une honte pour le gouvernement, mais aussi une plaie pour tous les gens honnêtes, aussi bien que pour ceux dont on violait les droits. Alors enfin fut portée une loi qui aurait dû passer dès la première année du système indgien, loi qui considère comme félonie l’acte de se montrer en public armé et déguisé. Mais Dunning m’écrit que cette loi est ouvertement bravée, surtout dans le Delaware et le Shoharie, et que des corps d’Indgiens de plus de mille hommes, en costume complet et armés, se sont montrés pour empêcher la collection des rentes. Comment cela finira-t-il, Dieu le sait !

— Redoutez vous quelque sérieuse guerre civile ?

— Il est impossible de savoir où peuvent conduire de faux principes, quand on leur permet de se développer, dans un pays comme le nôtre. Cependant les rebelles jusqu’ici ne sont autre chose que méprisables, et pouvaient être mis à la raison par un gouvernement énergique en moins de huit jours. Sous quelques rapports, le gouvernement actuel s’est conduit parfaitement bien mais sous d’autres, il a, selon moi, porté au droit des atteintes qu’il faudra des années pour réparer, si jamais on y parvient.

— Vous m’étonnez, Monsieur d’autant plus que vous avez, je le sais, les mêmes opinions politiques que le parti qui est actuellement au pouvoir.

— M’as-tu jamais vu, à cause de mes sympathies politiques, soutenir ce que je considère comme mal ? répondit mon oncle d’un ton qui sentait le reproche. Mais laisse-moi t’expliquer les torts occasionnés par tous les gouverneurs qui ont eu à s’occuper de cette matière, et parmi eux il y en a deux qui sont du parti que j’affectionne, un seul du parti opposé. D’abord, ils ont considéré