Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/357

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— On m’a dit, aussitôt que je suis arrivé dans le comté, que vous et tous ceux qui vous appartenaient, vous vous prépariez à vous retirer dans la matinée qui suivit la tentative d’incendie.

— C’est encore un de ces aimables mensonges qui rehaussent la moralité de toute l’affaire. Ce que les hommes désirent, ils l’inventent, et ce qu’ils inventent, ils le disent. Les demoiselles elles-mêmes protestent qu’elles ne voudraient pas quitter la maison tant qu’elle aurait un toit pour couvrir leur tête. Mais, Jack, d’où vient cette rumeur ?

— Je crois que c’est la dernière question que peut faire un homme au courant des choses, reprit Dunning en riant. D’où elle vient, c’est très-clair. Elle vient du diable et a tous les caractères de son œuvre. En premier lieu, l’amour de l’argent ou la convoitise en est la racine. Ensuite, le mensonge est son agent. Son premier mensonge est le mot de liberté, dont chaque principe est foulé aux pieds. Puis viennent les cinquante auxiliaires sous forme de petites inventions, la négation des faits en ce qui concerne les premiers établissements dans le pays, la fausseté des assertions touchant leurs progrès, et un audacieux défi jeté à toute vérité ; il n’y a pas à se tromper sur l’origine de toutes ces menées, ou bien tout ce qui nous a été appris sur le bien et le mal n’est qu’une fiction. Réellement, Hodge, je m’étonne que vous me fassiez une telle question.

— Peut-être avez-vous raison, Jack ; mais où cela nous conduira-t-il ?

— Ah ! la réponse n’est pas facile. Les événements récents dans le Delaware ont enfin réveillé les bons sentiments du pays, et l’on ne sait pas encore ce que cela produira. Une chose cependant est pour moi certaine ; le mauvais esprit qui a soulevé cette affaire doit être comprimé entièrement, d’une manière efficace et complète, ou nous sommes perdus. Qu’il soit une fois avéré dans le pays que les hommes peuvent contrôler leurs propres obligations, qu’ils peuvent, par des complots ou des associations, réviser leurs contrats, et le pandémonium sera bientôt un paradis en comparaison de New-York.

— Le résultat est encore inconnu. Le mauvais esprit peut être dompté, entièrement étouffé, de manière à écraser le serpent et non à l’écorcher ; ou bien on peut ne lui opposer que des demi-mesures, et dans ce cas, il restera comme une maladie dans le