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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/356

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conseil : faites ce qui est bien. Le Grand Esprit vous dira ce que c’est. Que ce soit fait. Ce que mon fils a raconté de moi est vrai. C’était cruel à faire ; la passion me disait de faire autrement, mais ce ne fut pas fait. En peu de temps, la paix revint à mon esprit ; et je fus satisfait. Je ne pouvais pas retourner au milieu de mon peuple ; car je craignais de faire ce qui était mal. Je restai parmi les Faces-Pâles, et je m’y fis des amis. Adieu, mes enfants ; faites ce qui est bien, et vous serez plus heureux que le plus riche Face-Pâle qui fait mal.

Susquesus reprit son siége et, au même instant chacun des hommes rouges s’avança et lui prit la main. Les indiens font peu de démonstrations, mais ils laissent leurs actes parler pour eux. Pas une syllabe ne fut articulée par ces rudes guerriers, quand ils prirent congé de Susquesus. Chacun d’eux payait volontiers son tribut à un homme dont la justice et le désintéressement étaient célébrés dans leurs traditions, et, après avoir accompli ce devoir, il s’en allait satisfait sinon heureux. Chacun d’eux aussi vint tendre la main à ceux qui se trouvaient sous le portique, et ils nous exprimèrent leurs remerciements pour notre amicale réception. Mon oncle Ro avait distribué parmi eux le reste de ses bijoux, et ils nous quittèrent avec les sentiments les plus affectueux. Cependant il n’y avait rien de dramatique dans leur départ ; il fut simple comme leur arrivée. Ils étaient venus pour voir l’intègre Onondago ; ils avaient rempli leur mission ; ils étaient prêts à partir. Ils partirent en effet, et en les voyant en ligne serpenter sur la route, l’épisode de cette visite me faisait plus l’effet d’un rêve que d’une réalité. Aucun incident n’interrompit leur marche ; et, une demi-heure après qu’ils eurent quitté le portique, nous les vîmes gravir la colline à la descente de laquelle nous les avions d’abord rencontrés.

— Eh bien, Hodge, dit Jack Dunning deux ou trois heures après, que décidez-vous ? Restez-vous ici, ou bien retournez-vous dans votre propre maison dans le Westchester ?

— Je resterai ici jusqu’à ce qu’il nous plaise de partir ; alors nous tâcherons d’être libres comme des Indiens, et d’aller où il nous plaira, pourvu que nous n’entrions pas dans le wigwam du voisin contre sa volonté.

Jack Dunning sourit, et il fit un ou deux tours dans la bibliothèque avant de reprendre.