Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/43

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dans la maison de mon père, je devins indifférent, et j’acceptai le premier venu.

— Nous devons prendre garde, Dunning, de ne pas nous décourager trop facilement. Mais venons à mon histoire, et puis parlons d’autre chose.

Alors mon oncle fit savoir son désir de rester incognito, et déduisit ses raisons. Dunning écouta attentivement ; ne sachant encore s’il devait blâmer ou approuver. Le sujet fut discuté brièvement, et remis à plus ample informé.

— Mais comment se gouverne ce grand renversement de tout principe, l’anti-rentisme ? Est-il sur le déclin, ou en progrès ?

— Sur le déclin, en apparence, peut-être ; mais en progrès au fond. La nécessité de conquérir des votes appelle les politiques de tous les partis à y prêter leur concours ; et il est fort à craindre maintenant que de funestes doctrines ne soient consacrées sous la forme de loi.

— En quoi donc la loi peut-elle intervenir dans des contrats existants ? La cour suprême des États-Unis nous fera rendre justice.

— C’est là, que je vous le dise, la dernière espérance des hommes honnêtes. Il y aurait folie à croire qu’un corps composé d’hommes tels que ceux qui sont envoyés à la législature pût résister à la tentation de gagner du pouvoir en se conciliant des voix. Des individus isolés pourront résister, mais la tendance du corps sera contre la minorité et en faveur du grand nombre, et la théorie de spoliation sera appuyée par tous les lieux communs du jargon démocratique. Déjà, pour commencer, il est question de taxer les rentes.

— Cela serait un procédé des plus iniques, et justifierait la résistance à aussi bon droit que fut justifiée la résistance de nos ancêtres contre les taxes de la Grande-Bretagne.

— À meilleur droit encore ; car ici nous avons un contrat écrit pour égaliser la taxe. Le propriétaire paie déjà une taxe sur chacune de ses fermes, laquelle est déduite de la rente dans l’acte original fait avec le tenancier ; maintenant on veut taxer la rente elle-même, et ce n’est pas pour accroître le revenu public, car de l’aveu de tous il n’en est pas besoin ; c’est simplement pour mieux engager le propriétaire à se défaire de sa propriété. Si l’on obtient ce premier point, les ventes devront se faire d’après ce principe que nul autre que le tenancier ne pourra être acquéreur. Alors