Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monde, et de donner tout son éclat au diamant américain. Mon oncle Ro aimait beaucoup Paris, et il y avait fait l’acquisition d’un petit hôtel, où il conservait toujours pour son usage un appartement élégamment meublé, comprenant l’entresol et le premier. Le reste de la maison était occupé par des locataires. Lorsqu’il s’absentait pour un temps qui devait dépasser six mois, il consentait par faveur spéciale à louer même son appartement à quelque famille américaine, et le prix du loyer était consacré à réparer ou à embellir l’ameublement.

À notre arrivée d’Angleterre, nous passâmes une saison entière à Paris, consacrant tout ce temps à polir le diamant, lorsque mon oncle se mit tout à coup en tête qu’il fallait visiter l’Orient. Il n’était jamais allé lui-même plus loin que la Grèce, et il lui prit fantaisie de m’accompagner encore dans cette excursion. Pendant deux ans et demi nous fûmes absents, visitant la Grèce, Constantinople, l’Asie Mineure, la Terre Sainte, l’Arabie Pétrée, la mer Rouge, l’Égypte jusqu’aux secondes cataractes, et presque toute la Barbarie. Vers cette dernière région, nous fûmes attirés par le désir de sortir un peu des routes battues. Mais aujourd’hui l’on rencontre au milieu des turbans tant de chapeaux et de casquettes, qu’un chrétien bien élevé peut se montrer presque partout sans qu’on lui crache dessus. Ceci est un grand encouragement pour les voyageurs en général et pour un Américain en particulier, qui, après tout, court plus risque de subir cette humiliation chez lui, qu’il ne le ferait même à Alger. Mais l’opinion fait tout en morale. Nous avions donc été absents de Paris depuis deux ans et demi ; et, comme je l’ai dit, depuis dix-huit mois nous n’avions pas reçu un journal ou une lettre d’Amérique. Même les nouvelles reçues antérieurement ne contenaient rien sur les affaires générales.

Nous savions seulement que les actions des banques avaient repris faveur, et pendant toute notre absence, les banquiers avaient payé avec confiance nos lettres de change, et sans commissions extraordinaires. Il est vrai que mon oncle Ro, en voyageur expérimenté, s’avançait solidement muni en matière de crédit, précaution qui n’est nullement superflue pour les Américains, après les clameurs qui se sont élevées contre nous dans le vieil hémisphère.

Enfin notre tour était achevé, en dépit de toutes les contrariétés, et nous voici encore une fois dans les murs du magnifique Paris. Les postillons nous avaient, conduits à notre hôtel, rue Saint-