Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/107

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partie des mâts, et à midi les deux vaisseaux se trouvèrent le long de la côte au sud-est et à l’ouest.

Hatteras n’était plus à craindre, car le vent était au nord-est et l’on avait en vue ces mêmes brisants, si terribles la veille, qu’on aurait donné la valeur des deux vaisseaux pour ne plus les revoir.

Ils passèrent cette nuit-là même devant le cap formidable d’Hatteras. La nuit suivante ils doublèrent le cap Look-Out, excellent point de relèvement pour les vaisseaux qui vont au nord, parce qu’il leur rappelle Hatteras, ce cap des tempêtes, qui, étant peu élevé, ne s’aperçoit pas de loin, et ils arrivèrent au port de Beaufort le lendemain matin au lever du soleil. En ce moment, le vent de nord-ouest avait cessé, et les deux schooners entrèrent avec une légère brise du sud dans ce port, où il y avait juste assez d’eau pour les recevoir.

C’était le seul endroit de toute la côte où il pouvait leur convenir de s’arrêter, et c’était peut-être aussi le port qui devait le mieux fournir à Roswell Gardiner tous les matériaux dont il avait besoin pour son schooner. Cette contrée abondait en bois de construction et en espars ; et le banker (habitant de la grève) qui remplissait la fonction de pilote, dit à notre jeune capitaine qu’il se procurerait tout le bois dont il avait besoin une heure après qu’il serait dans le port. Ce nom de Banker s’applique à une population de pêcheurs habitant les grèves longues et basses qui s’étendent sur toute cette partie de la côte, depuis le cap Fear jusqu’au cap Henri, à une distance de cent cinquante milles. C’est dans cet espace que se trouvent les grands détroits dont nous avons déjà parlé, renfermant Albemarle et Pimlico, et formant comme l’entrée des rivages maritimes de toute la Caroline du Nord.

Le cap Fear (cap de la Peur) mérite son nom. C’est là que commence de ce côté la partie dangereuse de la côte, et le nom même de ce cap est un avertissement pour le marin.

Beaufort est un port magnifique, auquel il manque seulement un peu plus de profondeur, ce qui force les schooners à attendre que la marée monte pour entrer. Cette circonstance offrit à Ros-